Bras bioniques, pouvoirs extraordinaires et armures infaillibles, l’humain augmenté est partout dans notre culture. Il n’est cependant pas un fantasme réservé à notre époque moderne, loin de là. Beaucoup d’auteurs se sont fascinés pour cet Homme « nouvelle génération ».
Des personnages aux pouvoirs époustouflants…
Dans la littérature, l’Homme augmenté est d’abord présenté comme quelque chose de bénéfique pour les êtres humains normaux. Ambroise Paré est le premier à présenter un homme augmenté en 1575. Dans ses Œuvres, le célèbre chirurgien présente un œil artificiel pour ses patients éborgnés. La description qu’il en fait servira plus tard à fabriquer la prothèse oculaire que nous connaissons. L’œil est fait « d’un fil de fer aplati, plié et couvert de velours ou de taffetas, ayant son extrémité plate afin qu’il ne blesse et l’autre extrémité sera couverte de cuir façonné, et le peintre lui donnera par son artifice, l’aspect d’un œil ». Presque quatre siècles plus tard, le héros de Kenneth Jonhson dans L’Homme qui valait 3 milliards, est lui aussi un « humain augmenté ». Au retour d’une mission spatiale, le jet qui transporte le colonel Steve Austin s’écrase. Grièvement blessé, certaines parties de son corps sont remplacées par des prothèses bioniques. Pouvant courir plus vite, aller plus loin et soulever des charges bien plus lourdes, Steve Austin devient, dans la société américaine fictive, une véritable figure, un héros admiré de tous.
L’univers des comics Marvel est truffé de héros aux pouvoirs surnaturels. Iron Man est également un « héros augmenté » pour survivre. Créé par Stan Lee en 1963, Tony Stark de son vrai nom est touché à la poitrine lors d’une explosion. Pour éviter qu’il ne meure, un électro-aimant lui est implanté afin d’empêcher les éclats d’atteindre son cœur. Grâce à sa combinaison, il peut voler, tirer des projectiles et scanner son environnement, ce qui lui sera très utile lors de ses aventures. Mais il y a un revers à la médaille : en volant au secours de la population, l’homme augmenté à un effet dévastateur sur la ville. Au total, Iron Man aurait détruit pour 5,2 millions d’euros de voitures.
… qui finissent par faire peur aux humains.
Mais dans la littérature, les hommes augmentés ne sont pas toujours décrits comme des adjuvants pour les êtres humains lambda, au contraire. Dans son roman dystopique, Neuromancien, William Gibson peint une société futuriste, technologiquement avancée, mais où les hackers ne font qu’un avec la machine. Grâce à des électrodes et des prises neuronales, ils perçoivent la réalité bien mieux que les individus qui les entourent. Cependant, l’homme n’a pas le choix de faire équipe avec les robots : il le doit pour une question de survie. Les héros du livre sont alors davantage des anti-héros, dans la mesure où ils modifient l’homme sans l’améliorer.
Les jeux vidéo aussi choisissent des héros « augmenté ». Deus Ex : Mankind divided est un jeu mettant en scène un pilote, Adam Jensen qui frôle la mort. Le laboratoire qui l’emploie lui fait alors subir une « augmentation » : il possède une force surhumaine, une vitesse de cicatrisation accrue et d’incroyables compétences de piratage informatique. A première vue, il n’est pas tellement différent d’Iron Man, à ceci près qu’il n’utilise pas ses capacités exceptionnelles pour sauver le monde. Les humains augmentés du jeu sont tous perçus comme « inhumains », justement à cause de capacités hors normes. Ils sont considérés comme des menaces pour la société.
En somme, tous les héros augmentés se ressemblent : ce ne sont plus vraiment des hommes, mais pas encore complètement des machines. Ce qui les fait passer du côté obscur de la force ou qui les garde dans la lumière, c’est précisément leur degré « inhumanité » lié à leur augmentation : il fascine les auteurs, et les effraient en même temps.
Chloé LOURENÇO