Mardi 16 mai, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne a endossé la candidature de Mariya Gabriel proposée par le gouvernement bulgare, afin de prendre en charge la Direction Générale de l’Economie et des Sociétés numériques. Cette DG était restée vacante suite à un incroyable jeu de chaises musicales à Bruxelles. Explications.
Dans les coulisses du Berlaymont
La Commission européenne est composée d’un président et de 28 commissaires, un pour chaque Etat-membre, afin de respecter l’équilibre au sein de l’Union européenne. La commissaire bulgare, Kristalina Georguieva, qui était également vice-présidente en charge du budget et des ressources humaines avait démissionné en octobre pour rejoindre la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD).
Début mai, après de multiples plaintes et des débats houleux entre le Conseil, le Parlement et la Commission, légèrement affaiblie par rapport aux deux autres institutions, Andrus Ansip, vice-président estonien chargé du Marché numérique unique, a expressément demandé au président Juncker de lui trouver une remplaçante.
Parallèlement, de lourds soupçons de conflit d’intérêts pesaient sur Günther Oettinger, commissaire à l’Economie et aux sociétés numériques. Début janvier, il avait dû se mettre en retrait, confronté aux remarques permanentes des eurodéputés de la commission ITRE au Parlement avec laquelle il travaillait. Il avait démissionné quelques semaines plus tard de la DG.
Pour pallier ces postes vacants, Jean-Claude Juncker a donc nommé le commissaire allemand vice-président chargé du budget et des ressources humaines, pendant que Mariya Gabriel reprenait le portefeuille de l’économie numérique, devenant ainsi la nouvelle représentante bulgare au sein du collège des Commissaires.
Du Parlement européen à la Commission européenne
Mariya Gabriel n’est pas novice en politique européenne. Elue eurodéputée PPE en 2009, elle a siégé dans 3 commissions (Agriculture, Femmes et Libertés civiles-affaires intérieures) où son travail a de nombreuses fois été salué par ses pairs. Elle a même reçu en 2013 le prix de l’eurodéputé de l’année dans la catégorie « Egalité des genres ». Son excellente connaissance des arcanes du Parlement européen fait dire à certains qu’elle devra en plus gérer les relations entre les deux institutions.
Toutefois, on ne devient pas commissaire européen en un claquement de doigts. Avant d’être totalement investie, Mariya Gabriel devra passer son grand oral devant les 751 eurodéputés, puis elle sera officiellement nommée par le Conseil européen, qui représente les Etats-membres.
Si Mariya Gabriel obtient le portefeuille de Commissaire, elle devra travailler sous l’égide des vice-présidents chargés du marché numérique unique, Andrus Ansip, et des Emplois, de la croissance, des investissements et de la compétitivité, Jyrky Katainen.
Une nouvelle commissaire critiquée
Diplômée de l’université Paisy Hilendarsky de Plovdiv en Bulgarie ainsi que de l’école doctorale de science politique de Bordeaux, elle parle le français, l’anglais et le russe. Ces détracteurs soulignent le fait qu’elle a relativement peu d’expérience dans le domaine du digital, mais elle leur répond en disant que « le travail de Commissaire est avant tout un travail politique plus que technique ».
Pour elle, le portefeuille qu’elle est en passe d’obtenir est l’un des plus importants de la Commission, dans la mesure où il représente « le futur de tous les Européens ». Elle indique prendre la mesure des nouvelles responsabilités qui lui incombent ainsi que la confiance du Président Juncker et du gouvernement bulgare. Plusieurs lobbyistes des télécoms se sont déjà dits rassurés par cette nomination : le fait d’avoir un commissaire chargé de ces questions permettra de renforcer la position de négociation de la Commission.
Mariya Gabriel sera auditionnée par le Parlement européen dans les prochaines semaines et sa nomination sera confirmée dans la foulée.
Chloé LOURENÇO
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