Capitales européennes de la culture : fenêtre ouverte sur l’UE

Quel point commun entre Amsterdam, Wrocław, Liverpool ou Porto ? Toutes ont été « capitales européennes de la culture ». Depuis bientôt 33 ans, l’UE désigne les villes qui porteront durant un an ce label. Lancé en 1985 par Jack Lang et l’actrice Melina Mercouri alors ministre grecque de la culture, le succès ne s’est pas démenti au point de connaître un réel engouement. Et conséquence des élargissements successifs, en 2021 ce seront certainement 3 villes qui auront la chance de porter ce titre honorifique.

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Statue des Beattles à Liverpool

Critères et subventions

Au début du programme, en 1985, les villes retenues étaient toutes des capitales européennes ou des agglomérations dont l’intérêt culturel était internationalement reconnu. On compte parmi elles Athènes –qui a inauguré le programme- Florence, Berlin ou encore Paris. Dès les années 2000, face à un afflux considérable de candidates, l’appellation s’est largement démocratisée.

Non seulement les ambassadrices sélectionnées sont plus diverses (villes de taille moyenne par exemple), mais le programme sert également à créer un dynamisme culturel très important à l’échelle régionale. Autrement dit, être reconnue « capitale européenne de la culture » a des retombées économiques sur un bassin urbain entier. Effectivement, cette manifestation permet à la fois de mettre en lumière la ville sur le plan international et de développer ses équipements : elle fait d’une pierre deux coups.

La participation s’effectue à tour de rôle entre tous les Etats-membres de l’UE et chaque pays propose une ou plusieurs villes. La (ou les) candidate(s) doit toutefois prouver sa dimension européenne, ses liens avec l’UE et son intérêt culturel. Un jury désigné par la Commission établit ensuite un dossier et une recommandation auprès du Parlement européen. La décision finale revient au conseil des ministres. Les lauréates ont ainsi l’opportunité énorme de promouvoir leur patrimoine au travers d’expositions, de festivals et autres happenings en bénéficiant du label européen et de la couverture médiatique qui en découle.

Pour y parvenir, les métropoles retenues se voient attribuer une coquette subvention de 1,5 million d’euros afin d’organiser les animations sur l’année entière. Ce montant est finalement assez symbolique, puisque les sommes dépensées sont la plupart du temps astronomiques. A titre d’exemple, en 2013 Marseille avait déboursé 90 millions d’euros pour 400 évènements environ. Les retombées économiques peuvent cependant être conséquentes : la ville avait ainsi attiré 2 millions de touristes supplémentaires cette année-là.

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Les contraintes d’une UE à 28

En 1985, l’UE ne comptait que 12 membres et le programme des capitales européennes de la culture n’avait pas pensé qu’en seulement 20 ans, elle en compterait 25, puis 27, puis 28. L’élargissement de l’UE et la popularité croissante du concept poussent les autorités bruxelloises à le repenser. A partir de 2009, l’UE choisit 2 représentantes par an pour multiplier les chances de participer, sans quoi un même Etat ne pourrait proposer une capitale que tous les 30 ans.

En 2016, c’est Wrocław (Pologne) et Donostie/San Sébastian (Espagne) qui représentaient la culture européenne. En 2017, ce rôle a été donné à Aarhus (Danemark) et Paphos (Chypre), avant de céder la place en 2018 à La Valette (Malte) et Leeuwarden (Pays-Bas). Plovdiv (Bulgarie) et Matera (Italie) seront ambassadrices en 2019 avant Rijeka (Croatie) et Galway (Irlande) en 2020. Le programme choisit toujours une ville d’un ancien Etat-membre et l’autre d’un nouvel entrant. Tous les 3 ans, une commune issue d’un pays en cours d’adhésion (Albanie, Monténégro, Serbie, Macédoine…) a l’autorisation de participer. Cela représente pour elle un avant-goût (culturel mais aussi financier) de ce que signifie appartenir à l’UE.

Mais si certains pays ne rechigneraient pas à participer tous les ans, pour d’autres la tâche est beaucoup plus compliquée. En effet, les petits pays membres ne disposent souvent pas plus d’une ou deux villes de taille suffisante pour être candidate. Le Luxembourg par exemple, qui a pourtant accueilli le label deux fois dans sa capitale, Luxembourg en 1995 et 2007, doit encore participer en 2022. Pourtant, il s’agit-là de la seule ville du Grand-Duché à être éligible. La solution envisagée par Bruxelles est de promouvoir une « zone environnante », qui impliquerait non seulement Luxembourg, mais aussi d’autres régions voisines.

Des retombées économiques à nuancer

L’objectif principal du programme à sa création était de « rassembler les Européens et de tisser des liens inaltérables entre métropoles européennes ». Un rapport du Sénat de 2012 assure qu’aujourd’hui, le label a dévié et se contente d’assurer la promotion des villes choisies. En 2004, un autre rapport produit cette fois par la Commission  montrait que les retombées économiques n’étaient pas toujours aussi importantes qu’espérées. De plus, le développement de liens entre villes européennes n’était pas vrai pour toutes les lauréates.

En revanche, il est certain que les capitales européennes de la culture ont permis de faire découvrir à des milliers de touristes européens les beautés du continent. Mais il reste encore un long chemin à parcourir avant qu’elles ne créent entre les Européens les liens forts entrevus il y a 30 ans par les créateurs du programme. La meilleure preuve est qu’une fois nommées, bien peu peuvent dire quelles sont les villes ambassadrices de la culture.

Chloé LOURENÇO

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