A formation égale, salaire égal? Logique! Pas pour tout le monde. En effet, au Royaume-Uni, il y a de forts risques pour qu’une femme gagne moins bien sa vie qu’un homme. Cependant, cela est sur le point de changer. Ce jeudi, les entreprises de plus de 250 salariés devront publier les salaires moyens des hommes et des femmes, ainsi que la répartition des sexes par niveau de salaire.
8000 entreprises sont concernées
« Tout sera inscrit sur un seul site internet, et chacun pourra aller voir les différences dans chaque entreprises, et leur plan d’actions pour y remédier » assure Justine Greening, secrétaire d’Etat britannique des femmes et des égalités. Les entreprises devront aussi publier la proportion d’hommes et de femmes dans les différents quartiles: les 25 % les mieux payés, puis les 25% suivants, et ainsi de suite, jusqu’aux moins bien rémunérés. Mais aucune sanction n’est prévue pour les mauvais élèves du Royaume, ou ceux qui pratiquent encore une différenciation salariale ou qui refusent de publier ces informations.
À la sortie des bureaux à la City, cette nouvelle loi est plutôt bien accueillie. En moyenne ici, l’écart de salaires entre les hommes et les femmes est de 20%. Tous les écarts de salaires devront être publiés avant avril prochain. Au total, plus de 8 000 entreprises sont concernées au Royaume-Uni.
Des actions déjà mises en place
Plus de transparence dans les rémunérations, certaines entreprises s’y sont déjà mises. Et les publications révèlent quelques surprises. Un groupe britannique a indiqué que le salaire horaire net d’un homme était en moyenne 33% plus élevé que celui d’une femme. Et cela ne tient pas compte des bonus accordés, car alors l’écart grimpe jusqu’à 66%.
La BBC, la célèbre chaîne d’informations britannique n’est pas épargnée non plus. Une quarantaine de présentatrices a écrit aux dirigeants pour leur faire part de leur indignation. Effectivement, si une femme journaliste ou présentatrice TV gagne moins, c’est, en substance, parce qu’elle fait moins bien son travail, et que sa présentation laisse à désirer.
Absolument pas, ont fait savoir les hautes instances de la chaîne : une femme fait aussi bien son travail qu’un homme.
Une transparence contre-productive ?
Pour de nombreux chercheurs à Londres, cette loi pourrait s’avérer contre-productive et faire en fin de compte, plus de mal que de bien. Pour Ben Southwood, chercheur à l’Adam Smith Institute, cette mesure est « trop simpliste, parce qu’au moment d’établie un salaire, le patron tient compte de l’expérience, de la formation et du nombre d’heures travaillées ». Etre une femme ou un homme, cela aurait donc peu d’importance.
Pourtant, la Grande Bretagne n’est pas la seule concernée par ces écarts de salaires importants. D’autres pays européens ont décidé de mettre un terme à cette pratique et d’inciter les entreprises à plus de transparence. En France, une manifestation a eu lieu le 7 novembre 2016, pour protester. Pour le collectif féministe Les Glorieuses, la raison est simple : «À partir du 7 novembre prochain à 16h34 (et 7 secondes), les femmes travailleront “bénévolement”.» Un constat choc que dresse le collectif Les Glorieuses dans sa newsletter hebdomadaire. S’inspirant d’une action menée en Islande fin octobre 2016, il a appelé les salariées françaises à s’arrêter de travailler ce lundi 7 novembre à 16h34 et 7,5 secondes précises pour protester contre les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes en France.
Et dans les autres pays?
En 2014, selon Eurostat, en Allemagne, les hommes et les femmes gagnent le même salaire à temps partiel, en Belgique, les hommes gagnent seulement 3,5% de plus, et en Suède 5,1% de plus. À temps plein, en revanche, la différence en Allemagne s’élève à 19,4% tandis qu’en Belgique, elle est de 1,4% et en Suède de 11,3%.
Pour remédier à ces inégalités inadmissibles, l’Allemagne a voté en janvier 2016 un projet de loi obligeant les entreprises à être plus transparentes sur leurs grilles de salaires, espérant ainsi que cela réduira aussi les différences de traitement. Les entreprises de plus de 200 salariés devront introduire un droit à l’information à la demande sur les critères de rémunération et celles de plus de 500 salariés devront en outre publier régulièrement un rapport dressant un état des lieux des écarts salariaux entre hommes et femmes.
Non loin d’ici, l’Islande, on prend le problème autrement. Le 4 avril dernier, le gouvernement a présenté au parlement un projet de loi qui obligera entreprises et services publics à prouver qu’ils versent un salaire égal à leurs employés quel que soit leur sexe, faisant de l’Islande le premier pays au monde à prendre une telle mesure. La loi, qui doit entrer en vigueur en janvier 2018, obligera les entreprises et les services publics à subir des contrôles et à disposer ainsi d’un document certifiant qu’ils pratiquent l’égalité des salaires, faute de quoi ils devront payer une amende.
Gageons qu’avec le temps, égalité rentre dans le vocabulaire des 28 Etats membres de l’UE!
Chloé LOURENÇO