« La Catalogne ne cédera pas! »

Quelques jours après le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, l’Espagne demeure plus divisée que jamais. Si le pays voulait conserver unité et fraternité en interdisant la tenue de ce référendum, c’est pour le moins raté.

Dimanche soir, après une journée de vote chaotique, des centaines de blessés et un pays dont l’unité est en ruines, Carles Puigdemont, chef du gouvernement catalan, a ouvert la voie à une proclamation d’indépendance de la Catalogne dans les jours qui viennent. Il a par ailleurs annoncé que les résultats du scrutin –à 90% pour l’indépendance– seraient présentés au parlement régional.

 

Coup de force ou coup d’Etat?

La presse espagnole semble, elle aussi, divisée, mais elle se rassemble pour fustiger le comportement de Madrid dans cette affaire. Certes, le référendum qui se tenait le 1 octobre avait été interdit par Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol. Certes, ce dernier avait bien mis en garde les éventuels participants à ce référendum qualifié d’illégal. Mais peut-on pour autant interdire, dans un pays démocratique, que le peuple s’exprime sur son avenir? La réponse est plus dure qu’il n’y paraît.

Le quotidien espagnol El País, né avec la démocratie en 1978, met en exergue le comportement intolérable de Rajoy : « Face à l’insurrection, la passivité, l’incompétence et la manière de Rajoy de rejeter les responsabilités sont inacceptables ». Pourtant, El País n’était pas un fervent soutien des Catalans, mais selon lui, tout cela va bien au-delà du Oui ou du Non. Dans son édition de lundi, il revient d’ailleurs sur l’image que veut donner l’Espagne d’elle-même.

El Mundo, quotidien de centre-droit, le deuxième le plus lu du pays, attaque fort lui aussi. Face à ce qu’il qualifie de « coup d’Etat » des Indépendantistes, le quotidien appelle l’Etat central à réagir en mettant en place l’article 155 de la Constitution, qui permet de suspendre le statut d’autonomie d’une communauté autonome. Pas sûr que cela ne permette d’apaiser les tensions! Dans la foulée, la Catalogne a indiqué via le journal catalan La Vanguardia, qu’un mouvement de grève généralisée allait éclater dans toute la région. Barcelone veut faire entendre sa voix, et elle le fera par tous les moyens dont elle dispose.

 

 

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le constat le plus réaliste provient sans doute du quotidien conservateur ABC, qui souligne que ce « référendum raté laisse l’Espagne abîmée ». Une solution possible, mais dont Madrid ne veut pas entendre parler, est peut-être de laisser encore davantage d’autonomie à cette région, sans pour autant la laisser partir.

 

Inquiétude en Europe

Pour de nombreux éditorialistes européens, le triste spectacle de dimanche rappelait les vieux démons franquistes  et les conflits de la guerre civile, une blessure pas tout à fait pansée en Espagne. Tous dénoncent les heurts, qui ont fait des centaines de blessés dans les rues de Barcelone et d’ailleurs.

 

Mais, même si pour l’instant l’Etat central fait comme s’il n’y avait pas eu de référendum, personne ne s’y trompe. Il y a bien un avant et un après 1er octobre, et l’Espagne va devoir trouver des réponses rapidement, si elle ne veut pas sombrer dans le chaos, définitivement.

Pour de plus amples informations, la Fondation pour l’innovation politique, propose un débat autour de la question de l’indépendance de la Catalogne disponible en cliquant ici.

 

Chloé LOURENÇO 

 

 

 

 

 

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