Un référendum doit avoir lieu en 2018 sur la question de l’avortement. En Irlande, pays très catholique et conservateur, cette annonce est porteuse d’espoir pour les femmes. Explications.
Déjà pressentie en juillet dernier suite à l’arrivée au pouvoir de Leo Varadkar, le gouvernement irlandais a annoncé fin septembre son intention d’organiser un référendum sur la question de l’avortement en mai ou juin 2018. Cette annonce a été saluée par le mouvement Repeal the Eight qui milite pour la légalisation de l’avortement. « Toute modification de notre constitution requiert une réflexion prudente de la population », a estimé Varadkar dans un communiqué remis au Figaro. « Mettre en place un calendrier pour la tenue des référendums dans les deux prochaines années permettra à toutes les parties impliquées dans les différentes questions de préparer et d’organiser ce débat public », a-t-il ajouté.
L’Irlande, l’un des pays européens le plus restrictif
La Constitution irlandaise -et en particulier son article 40.3.3 ouvert par le 8ème amendement- consacre « le droit à la vie des enfants à naître« , considéré égal à celui de la mère. Concrètement, cela veut dire que l’avortement ne peut être légal que si l’on constate des « risques sérieux et réel » pour la vie de la mère. Cela réduit donc fortement les possibilités. De plus, le viol, l’inceste ou la malformation du foetus ne sont pas des raisons légales d’avorter, et une telle intervention constitue un crime passible de 14 ans de prison.
L’ONU a d’ailleurs demandé à l’Irlande de faire évoluer sa législation. The Coalition to Repeal the Eight Amendment, association pro-choix, milite depuis longtemps pour faire avancer les choses dans toute l’île. Effectivement, bien que l’Irlande du Nord fasse partie du Royaume-Uni, sa politique en matière d’avortement reste également très restrictive. De l’autre côté de la mer, cela est possible depuis 1967. En Irlande -Nord ou Sud- le poids de la religion catholique se fait encore sentir : avorter n’est pas autorisé.
Toute modification de notre constitution requiert une réflexion prudente de la population
-Leo Varadkar
Multiplication des manifestations
Samedi 14 octobre, des milliers de manifestants ont réclamé le droit à l’avortement, dans les rues de Belfast. Dans toute l’île, se faire avorter est non seulement illégal, mais également passible de prison à vie.
Conséquence, chaque année des centaines de femmes souhaitant mettre un terme à leur grossesse se rendent en Angleterre, pour bénéficier d’une IVG. Cette traversée représente un coût énorme pour elles : il y a bien évidemment le prix du voyage, mais jusqu’à très récemment, il fallait aussi compter sur celui de l’opération, facturée en moyenne à plus de 900€. Une situation que les associations en faveur du droit à l’avortement dénoncent et qualifient d’hypocrite tandis que l’opinion publique a évolué en faveur d’un changement de législation, notamment après des condamnations de jeunes filles.
Pour les Nord-Irlandaises qui font dorénavant le voyage, la sécurité sociale britannique prend en charge leur opération. Mais pour les autres, pour celles qui habitent en République d’Irlande, c’est encore le parcours du combattant.
Selon une récente enquête Ipsos/MRBI pour Le Monde, l’opinion publique est encore très partagée : si 76 % des Irlandais seraient prêts à accepter l’avortement en cas de viol, 67 % d’entre eux seraient opposés au libre choix d’une IVG.
Chloé LOURENÇO