Mieux qu’Emmanuel Macron. Il a tout juste 31 ans et vient de réussir un pari un peu fou : remporter les élections à la chancellerie autrichienne … qu’il avait lui-même provoquées en mai dernier. Cette victoire fait de lui le plus jeune chancelier du pays, mais aussi -et surtout- le plus jeune dirigeant européen et du monde.

31, un chiffre qui semble porter chance à Sebastian Kurz, puisque c’est également le score qu’a réalisé son parti chrétien-conservateur, l’ÖVP. Avec 27%, les sociaux-démocrates du SPÖ, emmenés par le chancelier sortant, Christian Kern, font un score décevant, mais honorable, qui devrait, en outre, permettre à Kern de conserver sa position de chef de file de la gauche, au moins pour un temps.
L’extrême-droite en embuscade
Si tout le monde avait les yeux rivés sur l’Autriche en cette mi-octobre, c’est surtout à cause de la présence probable du FPÖ, le « parti pour la liberté » de Norbert Hofer et Heinz-Christian Strache.
L’Autriche est en effet un des pays européens les plus touché par l’offensive populiste, et ce depuis 2016 et l’élection présidentielle. Lors de cet épisode rocambolesque, le second tour opposant le populiste FPÖ Norbert Hofer au candidat indépendant Alexander Van Der Bellen, a été particulièrement serré (50,3%). Cela avait même fait l’objet d’un recours sans précédent auprès de la Cour Constitutionnelle autrichienne. Un nouveau deuxième tour avait été organisé en décembre 2016 et cette fois-ci, Alexander Van Der Bellen avait été élu avec un score incontestable (53,8%).
Mais la menace extrémiste rôde toujours. Le véritable enjeu pour l’Autriche lors de ce scrutin du 15 octobre était avant tout de savoir qui du SPÖ ou du FPÖ allait arrivé en deuxième position. C’est effectivement avec l’un de ces deux partis que Sebastian Kurz devra s’allier pour gouverner. Et il ne semble pas embarrassé à l’idée de partager un morceau de pouvoir avec le Parti de la Liberté, dans la mesure où il le fait déjà dans la région de Haute-Autriche.
Il semble d’ailleurs, que malgré sa troisième place au classement général, le FPÖ soit tout désigné pour une coalition. Des désaccords entre sociaux-démocrates et chrétiens-conservateurs ont ouvert une brèche dans laquelle le parti d’extrême-droite pourrait bien s’engouffrer.
Quelle place pour l’UE en Autriche?
Pour Kurz, l’UE est loin d’être un problème. Conscient que son pays n’est qu’un petit Etat européen, il voit en elle davantage une solution aux problèmes que rencontre l’Autriche qu’un véritable problème. Bien que le pays soit secoué par des vagues anti-immigration, Vienne n’est pas intéressée par des alliances avec la Hongrie voisine ou la Pologne. L’Allemagne d’Angela Merkel, même s’il la critique souvent, représenterait pour Sebastian Kurz une alliée importante. N’oublions pas que l’ÖVP est la soeur de la CDU et de la CSU de Merkel.
Quant au FPÖ, s’il entre au pouvoir, entrainera probablement quelques perturbations diplomatiques, mais il essaiera sans doute d’adopter des positions plus modérées, pour ne pas être diabolisé par l’opinion publique. Tout reste à faire!
Chloé LOURENÇO
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