Fémin’histoire #7 : Olympe de Gouges

Une citoyenne sur l’échafaud

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  Chacun connaît La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen – héritage direct de la Révolution française – mais peu ont entendu parler de sa version féminisée, rédigée à la même époque par l’une des pionnières du féminisme dans notre pays. Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, s’est battue toute sa vie pour promouvoir – entre autres – les droits des femmes. Quitte à devoir y laisser sa tête.

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Crédits photo : Le Point

De femme de lettres…

  Née en 1748, Marie Gouze grandit à Montauban, ville où elle épouse dix-sept ans plus tard un certain Louis-Yves Aubry, « traiteur grossier et inculte » de trente ans son aîné. La vie du ménage ne fait cependant pas long feu : Louis-Yves Aubry meurt un an plus tard, emporté par une crue du Tarn. Désormais veuve, Marie Gouze, encore très jeune au moment des faits, se met à avoir soif de liberté… De publier. A cette époque, la loi française interdisait aux femmes de publier des textes sans l’accord de leur époux. Il n’en faut alors pas plus à Marie Gouze pour la persuader de ne jamais se remarier.

  Mue par l’envie de mener une carrière littéraire, elle quitte finalement Montauban pour rejoindre sa soeur aînée à Paris. C’est en montant à la capitale qu’elle prend le nom sous lequel on la connaît le mieux : Olympe de Gouges. Entretenue par un haut fonctionnaire de la marine du nom de Jacques Biétrix de Rozières (dont elle refuse évidemment la demande en mariage), elle se met à côtoyer les milieux bourgeois et plus particulièrement les salons fréquentés par les hommes de lettres. Ses diverses rencontres l’inspirent et la poussent à écrire toujours plus. Elle s’essaye alors aux pièces de théâtre, aux romans ainsi qu’aux écrits politiques. C’est d’ailleurs pour ce dernier type de publications qu’Olympe de Gouges sera le plus reconnue.

… à femme engagée

  Nombre de ses oeuvres font en effet scandale par leur portée politique. C’est à la fin des années 1780 que l’engagement d’Olympe de Gouges prend une forme plus concrète – toujours à travers la littérature. En 1785, elle reçoit de multiples critiques à l’égard de sa pièce Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage (inscrite au répertoire de la Comédie-Française) dans laquelle elle condamne sévèrement l’esclavage mis en place à l’époque de la colonisation, se revendiquant clairement anti-esclavagiste. L’année suivante, elle rédige une suite du Mariage de Figaro du célèbre Beaumarchais dans laquelle elle promeut l’émancipation féminine et critique le mariage forcé des filles. En 1788, les propriétaires d’esclaves noirs s’en prennent à nouveau à elle et rejettent strictement ses Réflexions sur les hommes nègres.

  A l’aube de la Révolution française, Olympe de Gouges écrit une série de textes proposant des réformes sociales et sociétales qui la font reconnaître comme une femme engagée pour la justice sociale dans son pays. La publication de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen contribuera en quelque sorte à la renommée de la militante : bien consciente de l’inégalité qui existe entre les hommes et les femmes, elle prend la décision de faire participer les Françaises aux débats politiques et de société en rédigeant La Déclaration de la femme et de la citoyenne. L’article 10 comptera parmi les plus connus et les plus retentissants : « La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune« . Véritable pied de nez au texte originel qui ne prévoyait pas plus de droits pour les femmes qu’avant la période de la Révolution, cette Déclaration fait instantanément d’Olympe de Gouges l’une des pionnières du féminisme en France.

  Et son combat pour les droits des femmes ne s’arrête pas là : elle plaide ensuite pour le droit au divorce, souhaite mettre en place un système de contrat civil au lieu du mariage religieux et exige la création de maternités. Son soutien envers les plus opprimés ne tarderont toutefois pas à susciter l’indignation et à mener – malheureusement – à sa perte.

La chute

  En 1793, Olympe de Gouges va toujours plus loin dans son combat pour les droits de l’homme (et de la femme) et dénonce cette fois-ci la peine de mort. Critiquant de manière virulente l’ascension incontrôlable des Montagnards, ces derniers l’arrêtent et l’envoient au Tribunal révolutionnaire. Le 2 novembre, elle est interrogée sur ses convictions et, bien qu’elle ne puisse pas exprimer toute sa pensée, se défend seule, sans avocat, avec une étonnante détermination. Condamnée à mort pour avoir essayé de rétablir un gouvernement autre que « un et indivisible« , elle avoue être enceinte pour échapper à sa peine. La grossesse n’ayant pu être prouvée, Olympe de Gouges est guillotinée le 3 novembre 1793 à l’âge de 45 ans. « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort !« , telle est la dernière phrase prononcée par Olympe de Gouges.

  L’héritage intellectuel de cette femme de lettres engagée s’est ensuite perdu pendant de nombreuses décennies pour finalement refaire surface principalement au XXème siècle. Le combat pour l’égalité et la justice sociale d’Olympe de Gouges acquiert alors la reconnaissance qu’il aurait toujours dû mériter. Aujourd’hui, 3 novembre 2017, nous célébrons le 224 ème anniversaire de sa mort. Plus de deux siècles après sa mort, Olympe de Gouges continue d’inspirer les femmes et de leur donner du courage dans leur lutte pour l’égalité femmes-hommes.

Virginie CARDOSO

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