Hommage à Jean d’Ormesson

Pour tous les Français, Jean d’Ormesson était avant tout une paire d’yeux pétillants et un sourire. Aristo populaire, agnostique habité par l’idée de Dieu, il aura su toucher toutes les générations de Français grâce à ses bons mots et à son esprit aiguisé. Hommage à un immortel Immortel. 

 

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Un écrivain connu de tous 

Toute sa vie, Jean d’O n’a cessé de répéter qu’il a eu une « enfance heureuse ». Né à Paris le 16 juin 1925 d’une famille de conseilles d’Etat, d’ambassadeurs et de parlementaires illustres, il explique avoir puisé sa force dans chaque ville où son père, diplomate, installait sa famille, au gré de ses affectations. Mais s’il y a néanmoins un lieu qui aura marqué le petit Jean, c’est sans doute le château de Saint-Fargeau, en Bourgogne, autrefois siège de sa famille maternelle, et où se déroule la saga Au Plaisir de Dieu.

« Je me suis toujours considéré comme un grand privilégié, par les origines, par la vie » déclarait-il souvent. Pourtant, si on croit tous connaître Jean d’Ormesson, il n’en reste pas moins que l’homme a tout fait pour garder secret une grande partie de sa vie. Pudique, il s’est toujours fixé la même ligne, la même limite : parler de lui sans trop en dire. Il sera donc pour l’éternité, cet intrépide grand-père qu’on croit tous connaître, mais dont les méandres de sa vie demeurent cachés.

Un parcours hors du commun 

Plus jeune académicien à entrer sous la coupole à 48 ans, « pléiadisé » de son vivant en 2015, fervent soutien de Nicolas Sarkozy en 2007, décoré Grand’ Croix de la Légion d’honneur en 2014… Jean d’Ormesson était l’homme de tous les exploits.

Entré en hypokhâgne au lycée Henri IV, il intègre l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm à l’âge de 19 ans. Licencié ès lettres et en histoire, il décide de passer l’agrégation de philosophie, qu’il obtient finalement en 1949. En 1956, il publie son premier roman, L’Amour est un plaisir, qui se vend mal, malgré la confiance de son éditeur.

Il lui faudra attendre 1971 pour connaître son premier succès littéraire avec le roman La Gloire de l’Empire, pour lequel il reçoit le Grand prix du roman de l’Académie française. La reconnaissance tant attendue est enfin là : « Mon père est mort persuadé que son fils était un voyou. Cela m’a beaucoup troublé« , confiait-il.

En 1974, il est nommé directeur général du Figaro, à la tête duquel il restera 3 ans. Jusqu’en 1983, il rédige cependant une chronique dans le Figaro Magazine. Alexis Brézé, actuel directeur du journal, dira à sa mort que « Jean d’Ormesson restera l’éternelle image du Figaro« .

Mais lorsqu’on parle de Jean d’O, comme il était surnommé, on pense immédiatement à son entrée à l’Académie française, en 1973. Le 18 octobre, il devient Immortel au fauteuil 12, face à Paul Guth, succédant ainsi à Jules Romains, mort un an auparavant. En 1980, il fait campagne pour la réception de Marguerite Yourcenar, la première femme admise sous la coupole. Le 18 mars 2010, il reçoit également Simone Veil, dans un discours mémorable. Il était le benjamin de l’Académie à son entrée en 1973. A sa mort, il en était le doyen d’élection, et le vice-doyen d’âge, depuis la mort de Michel Déon, un an plus tôt.

 

Jean d’Ormesson meurt d’une crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017, à son domicile, à Neuilly-sur-Seine, à l’âge de 92 ans. Sa mort précède d’environ 24 heures celle d’une autre figure culturelle, Johnny Hallyday. Les médias rappellent à cette occasion une déclaration faite quelques années auparavant par Jean d’Ormesson qui estimait — citant en exemple les décès quasi-simultanés, en 1963, d’Édith Piaf et de Jean Cocteau — qu’il est préférable pour un écrivain de ne pas mourir en même temps qu’une vedette de la chanson, sous peine de voir sa disparition éclipsée.

Sa famille indique que « sa dépouille sera incinérée plus tard dans l’intimité ». Il n’est en effet pas enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la chapelle familiale située en 56e division comme il l’avait laissé deviner dès 2014 où il avait indiqué que « ce caveau est plein comme un œuf » et qu’il devra « se faire cendres ». 

Au revoir, Monsieur d’Ormesson, vous dont « la vie fut belle« . Peut-être en savez-vous un peu plus maintenant sur l’existence de Dieu…

Chloé LOURENÇO

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