Fémin’histoire #11 : Lady Georgiana Spencer

Elle est née dans l’une des plus riches familles d’Angleterre et a épousé un homme qui l’était encore plus. En se mariant, elle a rajouté le pouvoir et la célébrité à l’argent. Son mari, qui lui témoignait bien peu d’amour, a préféré prendre une maîtresse. Dévouée corps et âme à ses enfants, elle avait un style bien à elle, largement imité et copié depuis. Cette histoire ne vous rappelle rien? 

Georgiana vs Diana 

Diana, Princesse de Galles, n’est pas le seul membre de la famille Spencer a avoir conquis le coeur du peuple, mais pas celui de son mari. Son illustre ancêtre, Georgiana Spencer, épouse en 1774, à l’âge de 17 ans, le célibataire le plus en vue d’Angleterre, le duc de Devonshire. De l’extérieur, on disait souvent de ce couple particulier qu’il était « bien mal assorti ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela était vrai.

Comme Diana, Georgiana -surnommée G par ses amis- a été propulsée sur la scène publique sans aucune préparation. Ses moindres faits et gestes, scrutés, détaillés, disséqués, faisaient l’objet de chroniques agressives ou de caricatures blessantes dans les tabloïds de l’époque. Elle se servira de ce moyen de communication pour se moquer ouvertement de son mari, et faire comprendre au royaume entier son mal-être et sa tristesse.

Alors que les femmes n’ont pas le droit de vote et se préoccupent peu de politique, G se passionne pour cette discipline qui lui procure un espace de liberté propre. Elle fait campagne, lève des fonds et recrute pour le parti Whig (voir encadré), jusqu’à sa mort, en 1808. Son investissement en politique lui permet en outre d’oublier son mariage malheureux.

 

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Georgiana vs son époux

Le duc de Devonshire, William Cavendish, n’avait que peu de sentiments pour sa célèbre épouse. De son union avec Georgiana Spencer, il n’avait que deux exigences : qu’elle lui donne un fils et qu’elle soit loyale. Pourtant, le duc ne s’applique pas cette rigueur conjugale, enchaînant les maîtresses, troussant les bonnes. Les deux premiers nés de cette union sont des filles, ce qui a pour conséquence d’éloigner encore d’avantage le duc de la duchesse.

Abandonnée, seule et malheureuse, Georgiana se lie d’amitié avec Elizabeth Foster, dite Bess. Cette dernière, dont le mari est violent, est également dans une situation désespérée. Les deux femmes deviennent rapidement des amies proches, comptant toujours l’une sur l’autre. La Duchesse fait en sorte que Bess vienne habiter avec eux, pour -enfin!- avoir quelqu’un à qui parler. Elle ne se doute certainement pas qu’elle vient de commettre une grossière erreur. Le loup est entré dans la bergerie. Effectivement, peu de temps après son installation, Bess devient la maîtresse de William. Trompée, humiliée, G doit pourtant vivre dans ce ménage à trois, auquel elle a, malgré elle, contribué.

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L’affection ne venant pas à elle, Georgiana est allée la chercher ailleurs. L’amour de sa vie aura sans doute été Charles Grey, un éminent membre du parti Whig, qui deviendra plus tard Premier Ministre. Le thé Earl Grey a été nommé ainsi en son honneur.

Ils deviennent rapidement amants, mais tout se complique lorsque G tombe enceinte de Charles. Furieux d’avoir été trompé, William la fait expédier en France pour cacher sa grossesse qu’il juge déshonorante et honteuse. Pour lui, bien entendu. G sera contrainte d’abandonner l’enfant – une fille, nommée Eliza, l’ancêtre de Sarah Ferguson, l’ex-femme du duc d’York, Andrew, le frère de Charles, le mari de Diana; le monde est parfois tout petit petit– aux parents de Charles Grey. Si elle ne peut pas être sa mère aux yeux du monde, G sera néanmoins présente dans la vie de sa fille, interférant comme une marraine extraordinaire. Eliza appellera d’ailleurs sa première fille « Georgiana ».

Après plusieurs fausses couches, liées très certainement à des troubles du comportement alimentaire, G met finalement au monde un garçon, William, 7ème duc de Devonshire, qui mourra célibataire. Elle sera une mère dévouée pour ses enfants, avec qui elle joue, nouant ainsi des liens forts et peu communs pour l’époque.

 

Georgiana, une femme du monde

Comme la princesse de Galles, Georgiana ne pouvait pas faire un seul pas dehors sans déclencher une émeute. Son coup de maître aura été de comprendre qu’elle avait certes épousé un homme peu aimant, mais qu’il était puissant et célèbre. Sa position, obtenue grâce au mariage, lui permettait d’être vue, entendue et écoutée. Cette célébrité acquise, la reconnaissance qui en découle donnent à sa vie un sens et une formidable part de liberté. Le duc, lui, n’a jamais compris ni encouragé sa vie publique, jugeant que la place d’une femme était davantage au foyer que dans la sphère politique.

Célèbre non seulement pour ses déconvenues matrimoniales, sa beauté, son bon goût et son efficacité dans les campagnes politiques, G est aussi très connue pour son amour du jeu, une façon pour elle de noyer son chagrin et d’exister. En 1806, âgée de 48 ans, elle meurt de ce qu’on croit être un abcès au foie.

Avec sa bénédiction, Bess Foster épouse trois ans plus tard, William, devenant par conséquent, la nouvelle Duchesse. Et deux siècle après la vie de G, Diana connaîtra un destin similaire. Coïncidence…

Chloé LOURENÇO

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