Beaucoup de bruit pour une promotion éclair à Bruxelles : le 1er mars, Martin Selmayr, jusqu’ici directeur du cabinet de Jean-Claude Juncker, a été nommé Secrétaire Général de la Commission européenne. Cette nomination soudaine et inattendue a suscité de nombreuses réactions de la part des eurocrates, qui jugent cette décision contraire à l’image qu’ils souhaitent donner des institutions européennes.
La polémique a eu droit à son débat au Parlement européen cette semaine : l’affaire Martin Selmayr, ou le SelmayrGate, n’en finit pas de secouer Bruxelles. L’annonce faite fin février de la promotion de M. Selmayr, alors directeur du cabinet du président de la Commission européenne, au poste de Secrétaire Général de l’institution est en effet loin d’être passée inaperçue. Depuis sa prise de fonction le 1er mars dernier, la controverse n’a cessé de passionner les fonctionnaires européens, qui ont depuis la dernière session plénière demandé une enquête sur cette nomination très douteuse.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas les compétences de l’ancien chef de cabinet de M. Juncker qui sont remises en cause dans cette affaire, mais bien la méthode employée pour mettre en oeuvre sa promotion. Désigné par le président Juncker lui-même, dont il est évidemment un conseiller proche du fait de sa fonction, Martin Selmayr n’avait en outre aucune concurrence face à lui. Alors que la Commission assure que les règles ont été « suivies religieusement« , la transparence autour de l’ascension de Martin Selmayr à Bruxelles fait encore débat. Il faut dire qu’à un peu plus d’un an des prochaines élections européennes, cette nouvelle est très mal vue par les eurodéputés qui estiment qu’elle met à mal la réputation des institutions, déjà trop souvent critiquées pour leur élitisme ou leur mauvaise gestion : « La manière dont Martin Selmayr a été nommé jette le discrédit sur les institutions européennes.« , a expliqué le député Vert allemand Sven Giegold.
La médiatrice européenne a depuis été saisie sur cette question et devrait fournir des éléments de réponse prochainement. En attendant, il reste à souhaiter que cette promotion ne ternisse pas trop l’image de l’Union européenne et de son fonctionnement, déjà particulièrement mal compris par les citoyens.
Virginie CARDOSO