Un an et demi après la première annonce du gouvernement de restreindre le droit à l’avortement, la Pologne est de nouveau confrontée à un durcissement de la législation qui permet aux femmes de disposer librement de leur corps. Cette fois-ci, il est question d’interdire l’IVG en cas de handicap ou de pathologies graves chez le foetus.
Fin mars, la mobilisation des Polonaises contre la restriction du droit à l’avortement envisagé par le gouvernement a fait beaucoup de bruit dans les médias. Rassemblées lors d’un « vendredi noir », plus de 50 000 personnes ont manifesté dans les rues de Varsovie afin d’exprimer leur indignation et de défendre le recours à l’IVG – un droit déjà particulièrement limité dans le pays depuis 1993. En septembre 2016 déjà, de nombreux militants avaient protesté contre un projet de loi autorisant l’interruption de grossesse uniquement en cas de danger pour la vie de la mère. Le gouvernement ultraconservateur avait alors cédé à la pression et avait fait marche arrière vis-à-vis de cette réforme. A ce jour, il n’est possible d’avorter en Pologne que dans trois cas : si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, si l’enfant présente une malformation grave et si la grossesse fait courir un risque pour la mère.
Les Polonaises se battent désormais pour conserver leur droit à l’avortement en cas de pathologies graves ou de handicap du foetus. Cette nouvelle proposition de loi déposée au Parlement concerne plus de 90% des avortements légaux pratiqués dans le pays. Le but de cette réforme serait d’éviter l’avortement eugénique, c’est-à-dire l’avortement décidé en cas de malformation grave de l’embryon. Interrompre sa grossesse légalement devient de plus en plus compliqué en Pologne, où la tradition catholique est très présente et où les médecins évoquent régulièrement leur clause de conscience. La très grande majorité des Polonaises ayant recours à cette intervention doivent partir à l’étranger pour faire respecter leur choix.
Virginie CARDOSO