Calouste Gulbenkian : une vie entre l’Arménie et le Portugal

  Le 24 avril est une date importante dans l’histoire de l’Arménie. Il commémore le génocide arménien perpétré dans l’Empire ottoman en 1915. Le jour suivant, le 25 avril, est commémorée la Révolution des Oeillets de 1974, au Portugal.

   Afin de rendre hommage à ces deux cultures, Voix d’Europe vous propose de découvrir la vie de Calouste Gulbenkian, homme d’affaires arménien ayant légué sa richesse à la ville de Lisbonne.

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Le musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne

  Né dans une famille de banquiers et négociants arméniens dans l’Empire Ottoman, Calouste Gulbenkian se tourne naturellement vers le monde des affaires au début de sa carrière, plus particulièrement vers l’industrie pétrolière, qu’il avait préalablement étudiée lors de ses jeunes années au King’s College London. Alors doté à la fois d’une culture orientale et occidentale, Calouste Gulbenkian se fait rapidement le médiateur entre les magnats du pétrole du Caucase et les banques européennes, telles que Rothschild Frères ou Deutsche Bank.

  Son talent pour les négociations et sa persévérance se révèleront être des atouts de taille pour l’accord qui sera déterminant pour ses affaires : en 1928, l’accord de la ligne rouge est signé par les partenaires de la compagnie pétrolière Turkish Petroleum Company (TPC). Les quatre actionnaires de la TPC (entre autres, BP et Total), dont chacun détiennent une participation 23,75%, s’accordent alors sur « l’organisation de la compagnie et les modalités d’exploitation de toute concession existante ou à venir à l’intérieur d’une zone représentant l’ancien Empire ottoman« . L’une des clauses de cet accord imposait plus particulièrement l’interdiction aux partenaires d’y « rechercher du pétrole pour son propre compte« . C’est à ce moment que Calouste Gulbenkian entre en jeu : il parvient à influencer le gouvernement turc, devient l’interlocuteur principale des représentants locaux et des actionnaires, et obtient finalement 5% du capital de la Turkish Petroleum Company, ce qui lui vaudra le surnom de Monsieur Cinq pour cent.

  Mais Calouste Gulbenkian n’est pas qu’un homme d’affaires devenu extrêmement riche à force de travail, c’est aussi un grand collectionneur d’oeuvres d’art et un philanthrope. Il apporte notamment son soutien à de nombreuses institutions arméniennes – mais pas que – de bienfaisance et parviens à acquérir de nombreux chef-d’oeuvres. Manet, Rembrandt, Rubens, Fantin-Latour, Houdon… Tous se partagent les faveurs de Calouste Gulbenkian. Il se lie d’amitié avec le célèbre maître verrier René Lalique et lui passe plusieurs commandes. L’hôtel particulier qu’il possède au 51 avenue d’Iéna est le parfait exemple de ce à quoi la résidence d’un collectionneur comme Calouste Gulbenkian peut ressembler.

Grand salon de la résidence du 51 avenue d’Iéna

  Plusieurs années plus tard, au début de la Seconde Guerre mondiale, Calouste Gulbenkian, déjà âgé, préoccupé par les désastres liés à ce conflit, décide de s’installer sur un territoire neutre. C’est ainsi qu’il part vivre au Portugal en 1942, dans la ville de Lisbonne. La situation géographique du pays est le principal argument retenu dans cette décision : le Portugal est en effet ouvert sur l’océan et l’homme d’affaires arménien y voit l’opportunité, si besoin, de s’enfuir vers les Etats-Unis. Cette option ne deviendra cependant jamais réalité car le vieil homme se prend finalement d’affection pour le pays lusophone et vivra à Lisbonne pendant 13 ans, jusqu’à sa mort.

  Après son décès, une grande partie de sa richesse est léguée à la ville de Lisbonne sous la forme d’une fondation internationale « pour toute l’humanité, destinée à promouvoir et à améliorer la qualité de vie des personnes à travers les arts, la bienfaisance, la science et l’éducation« . Cette fondation, du nom de Fondation Calouste Gulbenkian possède également deux délégations européennes, à Paris et à Londres. Quant à la collection d’art du bienfaiteur, elle est aujourd’hui rassemblée au sein du Museu Calouste Gulbenkian à Lisbonne, divisé en deux structures distinctes : l’une est consacrée aux arts classiques, l’autre expose des oeuvres contemporaines.

  L’année 2019 marquera le 150ème anniversaire de la naissance de Calouste Gulbenkian. Il y a fort à parier que l’Arménie et le Portugal honoreront dignement la mémoire de la personnalité qui aura marqué leurs deux histoires.

Virginie CARDOSO

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