[Coupe du Monde] L’arbitrage vidéo, panacée ou pomme de discorde ?

Adieu, la main de Maradona, le but fantôme de Geoff Hurst ou la barre transversale de Lampard. Ce Mondial est celui de la révolution. Pour la première fois dans l’histoire du football, les arbitres pourront faire appel à la vidéo lors d’une Coupe du monde. Mais dans quelles conditions ? 

Après des années de débats et d’opposition entre pro et anti-vidéo, puis deux ans d’expérimentation dans le monde entier, le football va définitivement changer de visage cet été avec l’utilisation de l’assistance à l’arbitrage vidéo (appelé VAR, « video assistant referee »). Sur le terrain, rien ne change : l’arbitre central, au milieu du gazon, reste le seul maître du jeu. Il est toujours secondé par ses deux assistants sur le banc de touche. Toutefois, il pourra également demander le soutien d’autres arbitres qui observent le match derrière un écran… à des milliers de kilomètres du stade, à Moscou.

Un usage strictement encadré 

Quatre cas sont inscrits aux « nouvelles » règles du jeu. Lorsqu’un doute apparaît au moment de marquer le but, l’arbitre vidéo peut revenir en arrière, jusqu’au début de l’action, précisément à la récupération du ballon de l’équipe qui attaque, pour juger d’une éventuelle infraction. En cas de penalty, la vidéo doit permettre de juger si la faute est commise à l’intérieur ou à l’extérieur de la surface, mais aussi de juger la faute et l’action en elle-même. Ainsi, comme précédemment, l’arbitre peut demander à revenir en arrière pour trancher. Les deux derniers cas concernent l’attribution d’un carton jaune ou rouge.

Dans les rencontres étudiées -804 matchs-tests, tout de même- plus de la moitié des arbitrages vidéo (56,9 %) concernaient des buts ou des penaltys, 42 % des cartons rouges directs, alors que les vérifications d’identité étaient très rares. Toujours d’après ces chiffres, il a été établi que les arbitres prenaient 93 % de bonnes décisions sans l’arbitrage vidéo, et 98,9 % de bonnes décisions avec l’assistance. Concrètement, les erreurs d’arbitrage dites « flagrantes » ont été corrigées dans 19 cas sur 20, ce qui établit le taux d’échec à 5 %.

 

 

L’absence de vidéo fait polémique 

L’arbitre Clément Turpin expliquait avant le début du Mondial que l’assistance vidéo ne tranchera pas à sa place. Il se disait cependant soulagé de savoir qu’il avait une « bouée de sauvetage en cas d’erreur flagrante ». Cette bouée de sauvetage, plusieurs de ses confrères ayant déjà officié en Russie n’ont pas jugé utile de s’y accrocher pour refuser un but ou siffler un penalty : c’est donc le non-recours à la vidéo qui a déclenché de nombreuses polémiques lors des matchs des derniers jours.

Lors du spectaculaire Portugal-Espagne (3-3), beaucoup s’étaient étonnés de voir le but de Diego Costa validé malgré un coup de coude flagrant asséné au défenseur portugais Pepe. Interrogée sur le sujet, la Fifa avait évoqué « une vérification sans visionnage ». Autrement dit, l’arbitre a bien demandé l’avis de son collègue derrière son écran, mais ce dernier lui a signalé que l’action n’était pas entaché d’une faute. Gianluca Rocchi a décidé de lui faire confiance sans visionner de nouveau l’action.

Le Brésil a connu pareille mésaventure lors de sa rencontre avec la Suisse.  L’arbitre mexicain Cesar Ramos n’a pas estimé nécessaire de revoir l’action du but égalisateur de la Suisse (1-1). Pourtant, les images montraient bien que le milieu de terrain Steven Zuber avait poussé le défenseur brésilien Joao Miranda avant de catapulter de la tête le ballon dans le but. Une action rediffusée sur… les écrans géants du stade de Rostov-sur-le-Don. Les 43 000 spectateurs ont donc pu se faire un avis avec le ralenti. Pas l’arbitre, sûr de son fait. Le sélectionneur, Tite, a d’ores et déjà envoyé une réclamation à la FIFA, mais se déclare pessimiste quant à la finalité de sa missive.

Depuis le début du tournoi, dix penalties ont déjà été sifflés, dont trois à l’aide de la vidéo. Le chiffre aurait pu gonfler encore. Ceinturé à deux reprises par la défense tunisienne dans la surface de réparation sans obtenir de faute, l’Anglais Harry Kane a exhorté les arbitres à « faire leur travail ». La Fifa, elle, va procéder à une vérification du système de… vérification. Gare aux maux de tête !

 

A voir  : Ces erreurs qui auraient pu être évitées grâce à la vidéo

 

Chloé LOURENÇO

 

 

 

sources : Le Figaro Sport

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