Le Nicaragua fait face, depuis le 18 avril dernier, à une crise sans précédent. Les opposants et partisans du président Daniel Ortega s’affrontent dans un conflit qui a malheureusement pris une tournure meurtrière.
Une réforme des retraites à l’origine de la crise
Recommandé par le Fonds monétaire international, un projet de réforme des retraites augmentant les cotisations et réduisant de 5% les pensions versées devait être discuté par le gouvernement.. Or le nombre croissant de contestations entourant cette réforme a poussé celui-ci à la mettre de côté.
Les protestations se sont cependant maintenues et sont devenues des manifestations à l’encontre du président Daniel Ortega, ex-révolutionnaire sandiniste au pouvoir depuis 2007. Les partisans du président répondent violemment à ces contestations et la situation s’est transformée en vrai conflit. Les violences et les morts se multiplient. Le 30 mai, durant une marche pacifique à Managua en soutien à des parents d’étudiants tués durant le conflit, des paramilitaires pro-Ortega tirent sur la foule. Bilan : 18 morts. La guerre civile semble proche.
L’ONU annonce 280 morts et plus de 2000 blessés depuis le début du conflit. Le peuple est soutenu par le patronat, les organisations rurales et surtout l’Église qui s’est portée volontaire pour la médiation entre les deux factions. La réponse a été violente, allant jusqu’à attaquer des églises qui cachaient des étudiants.
Aujourd’hui une résolution des violences semble difficile car les opposants de Daniel Ortega demandent une réforme du pouvoir et demandent des élections anticipées en 2019 (au lieu de 2021. En 2014, Ortega a changé la constitution pour pouvoir continuer son mandat). Le président refuse tout type de demande même s’il semble que ses plus proches alliés commencent à l’abandonner également.
Daniel Ortega de héros à vilain
L’actuel président du Nicaragua a été pendant longtemps considéré comme un héros dans son pays. En effet, c’est l’un des symboles de l’insurrection de 1979 lorsque le Front Sandiniste était à la tête de la libération du pays de la dictature des Samoza (pendant 45 ans au pouvoir).
C’est durant ces années qu’il rencontre sa femme Rosario Murillo, vice-présidente et son bras droit, tout aussi, si ce n’est-ce plus puissante que lui. En effet, depuis le retour au pouvoir de son mari, Rosario s’est occupée dans un premier temps de la communication, puis elle s’est occupée de l’agenda du président jusqu’à pratiquement s’auto-attribuer le poste de vice-président.
Le couple qui a combattu côte-à-côte la dictature en 1979 se retrouve dans une situation similaire aujourd’hui mais du côté opposé, pas près à lâcher le pouvoir et n’hésitant pas à utiliser la violence contre leur peuple pour rester au pouvoir. Cette situation inquiète les autres pays d’Amérique latine qui réclament la » la cessation immédiate des actes de violence » et poussent le gouvernement à « réactiver le dialogue national ». En attendant le Panama et le Costa Rica se sont portés volontaires à accueillir le peuple nicaraguayen qui fuit les violences.