Mardi 11 septembre sonnait la rentrée pour les députés européens. La première session plénière de l’année du Parlement européen a eu lieu à Strasbourg avec un programme chargé.
L’événement le plus marquant a bien évidemment été le « State of the Union » effectué pour sa dernière fois par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Souveraineté de l’UE et image à redorer ont été les thèmes majeurs de son discours. Pour plus d’informations, retrouvez notre article.
De plus, plusieurs dirigeants européens ont fait acte de présence devant les eurodéputés. Pour sa première visite au Parlement, le président libanais Michel Aoun a fait un discours poignant concernant la situation de son pays et de ses voisins. M. Aoun a demandé l’aide de l’UE, notamment pour les Syriens réfugiés dans pays. En effet, le Liban est le premier pays touché par la crise des réfugiés syriens tentant de fuir la guerre. M. Aoun a qualifié la situation de « fardeau insupportable » et en a appelé à la solidarité européenne, l’international n’ayant pas tenu ses responsabiliplénièretés au Moyen-Orient, parlant également du conflit israélo-palestinien. La star antisystème de cette session fut Viktor Orbán, dirigeant eurosceptique et anti-migrants de la Hongrie, sujet à débat sur sa situation. M. Orbán a montré son soutien à Theresa May concernant un « Brexit dur » mais a été lâché par la droite européenne au moment du vote sur son pays et seulement soutenu par l’extrême-droite. Le président hongrois a finalement qualifié de « chantage » le débat sur la situation, préoccupante toutefois, de la Hongrie. Ensuite, le Premier Ministre de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine, devenue il y a quelques mois après accord avec la Grèce la Macédoine du Nord, a enfin pu visiter le Parlement pour un premier discours tourné vers l’avenir et l’adhésion de son pays à l’OTAN et à l’UE. Intégration qui était bloquée par la Grèce à cause du non-accord sur le nom du pays. Chose réglée, la Macédoine du Nord deviendra-t-elle le nouveau 28ème État de l’UE ? En parlant de Grèce, Alexis Tsipras est venue étendre la fierté, méritée, de tout son pays, sorti enfin de la crise après des mesures d’austérité très restrictives. M. Tsipras en a profité pour aborder l’avenir de l’Europe et son regret de la « technocratie européenne » qui n’entend pas les désirs de ses citoyens.
D’autre part, des débats entre commissions et eurodéputés ont eu lieu principalement sur des évènements à l’international comme en Syrie et en Libye mais également en Ouganda et au Cambodge à cause de la répression des opposants, en Birmanie concernant la situation des Rohingyas avec le rejet du gouvernement du rapport de l’ONU et l’emprisonnement de deux journalistes.
Pour finir, d’importants votes se sont succédé au Parlement européen. Le premier, et pas des moindres, concerne la situation en Hongrie dont le gouvernement est accusé de menacer l’État de droit, principe fondamental de l’Union, avec une régression des libertés, une corruption accrue et un manque d’indépendance, sans parler de leur politique anti-migrants. Les eurodéputés ont voté à une large majorité (448 contre 197) le déclenchement de l’article 7 du Traité sur l’Union européenne (Maastricht). La Hongrie rejoint donc la Pologne, dont la procédure a été lancée en décembre 2017. Il faut convenir qu’il s’agit d’un vote plus politique que juridique… Le Fidesz d’Orbán a été lâché par la droite européenne. Même la droite française, dont la consigne était de voter contre, s’est fracturée, avec la majorité des députés européens français de droite ayant voté pour. Des divisons qui ne présagent pas bon signe à huit mois des élections européennes.
Autre vote, celui sur les droits d’auteurs. Ce texte, très décrié et rejeté une première fois en juillet, est finalement passé à 438 contre 226. Il intègre moins de libertés sur internet avec plus d’assurance pour les auteurs. Cela constitue un gros coup dur pour les GAFA et pour les utilisateurs lambda mais aussi une protection pour les artistes et auteurs.
Ensuite, les protocoles de coopération aérienne entre les États-Unis et l’UE puis le Canada et l’UE ont été votés ainsi que les relations US-UE et UE-Chine (coïncidence à l’heure où les États-Unis font une guerre commerciale à l’Union et à la Chine ?). Parce que l’UE c’est aussi la protection de ses citoyens, des mesures pour améliorer le contrôle de l’argent liquide et les fluctuations illégales ont été adoptées ainsi que le portail numérique unique. Ce dernier a pour but d’harmoniser les systèmes européens de services publics et de procédures administratives sur Internet, en particulier pour les Européens vivant dans un autre pays membre de l’UE.
Le Parlement européen a eu une rentrée très chargée et très médiatisée, avec des évènements cruciaux avant les élections dangereuses de mai 2019. Restez connectés, beaucoup de choses risquent de se passer d’ici là !
Wassila ZOUAG