La PEV #2 : Euromed

Le partenariat Euromed est l’un des plus anciens accords extérieurs à l’Union européenne. Il existait avant même la création de la Politique européenne de voisinage (PEV) en 2004. Zoom sur une relation très particulière de l’UE.

Une histoire commune

Le partenariat Euromed est aussi connu sous le nom de « Processus de Barcelone ». Mis en place en 1995, ce processus consistait en une coopération avec 10 pays de la Méditerranée : Algérie, Autorité palestinienne, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie. La Libye fait figure d’exception : les relations étaient très tendues dans les années 1990 avec l’Europe. A partir de 2004, les tensions s’apaisent et une éventuelle adhésion s’installe.

Les principaux buts, à l’origine, était d’instaurer des stratégies politiques, économiques et sociales au sein de ces pays. Le schéma était simple : l’UE donnait de l’argent à ces 10 pays et en contrepartie, ces derniers avaient des objectifs de convergence économique et de droits de l’Homme qui avantageaient l’Union européenne. Ces rapports étaient basés sur une histoire commune, liée aux colonisations des puissances européennes dans ces régions nord-africaines et du Proche-Orient. Cela a crée des rapports culturels intenses et indéniables.

Fonctionnement

L’Europe a investit beaucoup d’argent dans ces pays. L’échange de produits était la base de la relation. Les pays de la Méditerranée devait développer leur économie, pour atteindre une économie de marché au niveau de l’international. La plupart de leurs économies repose sur un seul produit, en général les hydrocarbures ou le tourisme.

Le but était qu’en 2010 une zone de libre-échange voit le jour entre l’UE et la zone méditerranéenne et qu’à très long terme, il y ait une intégration à l’UE avec une Union méditerranéenne. Cela passe également par la résolution du conflit israelo-palestinien. C’était donc un programme ambitieux. Mais le niveau des économies des 10 pays est trop bas sans compter qu’en 2004, se sont ajouté l’immigration et la lutte contre le terrorisme, au vu du contexte difficile dans les pays arabo-musulmans.

L’argent investi provient principalement de fonds de la Banque européenne d’investissements (BEI) et du programme MEDA. La BEI a engagé plus de 7 000 milliards d’euros depuis 1995 tandis que l’investissement MEDA équivalait à 5 000 milliards entre 1995 et 2001. Depuis la création de la PEV, 2 milliards d’euros sont investis chaque année dans ce partenariat.

Un accord voué à l’échec ?

Le partenariat Euromed était un accord très promoteur et qui aurait donné énormément d’influence à l’UE en tant qu’instance diplomatique. Un poids considérable à l’international. Malheureusement, cela n’a jamais décollé et les relations ont stagné. L’Union pour la Méditerranée, voulu notamment par le président français Nicolas Sarkozy, a avorté en 2008 à cause des mésententes.

On peut parler d’une part des problèmes internes de l’UE, qui entre 1998 et 2008 a connu des tensions inédites. Cela a mis à mal la diplomatie de l’organisation dont les membres n’arrivent pas à parler d’une seule voix. D’autre part, avec des situations politiques diamétralement opposées, les deux régions n’ont pas pu travailler ensemble sur un pied d’égalité. Les pays ont déjà des problèmes entre eux et effectuent peu d’échanges « en interne ». Comment les faire travailler ensemble donc ? Les pays européens ont privilégié des relations bilatérales, souvent entre ancien colonisateur et ancienne colonie.

Finalement, le Printemps arabe et les révolutions qui ont suivi dans les pays de la rive sud Méditerranée ont naturellement compromis les échanges. Les flux migratoires, la sécurité et l’immigration illégale sont devenues les priorités des relations entre l’Europe et ses voisins du Sud.

 

Le partenariat Euromed avait de l’ambition mais est rapidement devenu modeste. L’idée, bonne au départ, s’est révélée compliquée et plus de l’ordre du sauvetage, de la sécurité. Les faits sont à déclarer : Euromed est un échec.

Wassila ZOUAG 

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