Un commissaire de police maître chanteur qui fait suer tout un gouvernement

Depuis plusieurs mois, l’Espagne tremble. Scandale après scandale, l’étau se resserre sur l’élite du pays. À cause de qui ? Le commissaire José Manuel Villarejo, ancien commissaire qui détient bien des secrets et qui n’hésite plus à les utiliser…

 

Un flic ripou en détention

José Manuel Villarejo est un commissaire bien connu dans la région de Madrid pour tremper dans des affaires louches. Sa réputation de flic ripou n’est plus à refaire. Et il semble parfaitement l’assumer dans la mesure où il fait du chantage « privé » à l’élite espagnole depuis des décennies.

Le commissaire est incarcéré depuis le 17 novembre 2017 pour des affaires de blanchiment d’argent et d’organisation criminelle. Et il utilise tous les moyens pour sortir.

Parmi ces moyens, on trouve les enregistrements qu’a réalisés Villarejo à l’insu des personnes avec lesquelles il échangeait. Des preuves et traces de corruption et d’affaires illégales qu’il menace de dévoiler s’il n’est pas libéré immédiatement.

Villarejo fait durer le suspense avec la date butoir de Noel pour la « traca final », c’est-à-dire le coup de grâce. En effet, il menace de dévoiler d’autres éléments, encore plus scandaleux, d’ici la fin de l’année.

Pour l’heure cela n’a pas marché, malgré plusieurs scandales.

 

Le gouvernement et la monarchie pour cibles

Parmi les cibles au cœur des scandales, on retrouve non seulement des membres de l’actuel gouvernement de Pablo Sánchez mais aussi des anciens dirigeants sous Mariano Rajoy.

Des éléments de Villarejo laissent à fortement penser qu’il a été demandé pendant le mandat de Rajoy de fabriquer des dossiers à charge contre les indépendantistes catalans et contre Podemos. On cherchait à jeter le discrédit sur les opposants. Et Villarejo en a parlé pour se venger.

Actuelle ministre de la Justice, Dolores Delgado est entendue sur un enregistrement de 2009 tenir des propos homophobes à l’encontre de Fernando Grande-Marlaska qui est maintenant…son collègue au ministère de l’Intérieur ! Delgado s’est exprimé sur ce sujet qui a fait grand bruit outre-Pyrénées et a déclaré qu’elle ne pensait bien évidemment ce qu’elle disait et qu’elle était devenue très amie avec Grande-Marlaska. Sur d’autres enregistrements, on entend Dolores Delgado parler de détournements de mineurs de juges espagnols en Colombie ou encore tenir des propos misogynes…

La royauté n’est pas épargnée non plus et la cible numéro un est le roi émérite Juan Carlos. Celui qui a cédé sa couronne à son fils Felipe aurait utilisé le nom de sa maîtresse comme prête-nom pour divers affaires à l’étranger. Le directeur des services secrets Felix Sanz Roldan a été également entendu sur cette affaire.

Bien qu’aucune conséquence déterminante n’ait encore eu lieu en Espagne et malgré tous ces scandales, cela montre que le pays est gangrené par la corruption. Villarejo tire son épingle du jeu : il est celui qui aura à la fois participé et à la fois dénoncé.

 

Chronologie d’un malfaiteur

Né à Cordoue, Andalousie en 1951, José Manuel Villarejo est resté assez discret sur son enfance et sa jeunesse. Il devient policier en 1972, sous le franquisme. Il mène des actions contre l’ETA et les opposants au régime.

En 1983, il se met en disponibilité de son poste de policier et se tourne vers le privé. Coïncidence ? Certainement pas. En 1983 s’installe officiellement la démocratie en Espagne. Villarejo n’est plus libre de faire ses petites affaires de ripou.

De 1983 à 1993, il devient « entrepreneur » et fonde 46 entreprises notamment comme détective privé. C’est sans doute son apogée et la période où il a profité de sa position pour se créer son réseau.

En 1993, il retourne dans les forces de l’ordre et débute ses chantages. Cela deviendra son leitmotiv. Jusqu’à sa chute.

 

M. Villarejo est au final un danger pour toute la classe supérieure espagnole, qui se croit intouchable, comme dans tous les pays européens. Il n’y aura sans doute pas de conséquences directes, mais les réputations resteront entachées.

 

Wassila ZOUAG

 

 

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