Sorti mi-janvier sur les écrans, Colette retrace la vie mouvementée de l’auteure du même nom, Gabrielle Sidonie-Colette. Ce bionique américain dresse le portrait coloré d’une grande dame de la littérature, qui en se battant pour affirmer sa singularité et sa personnalité dans un monde patriarcal, a posé les fondations du féminisme.
Et Colette créa Claudine
1893. Malgré leurs quatorze ans d’écart, Gabrielle Sidonie Colette, jeune fille à l’esprit rebelle, épouse Willy, écrivain aussi égocentrique que séducteur. Grâce à ses relations, elle découvre le milieu artistique parisien qui stimule sa propre créativité. Sachant repérer les talents mieux que quiconque, Willy autorise Colette à écrire – à condition qu’il signe ses romans à sa place. Suite au triomphe de la série des Claudine, il ne tarde d’ailleurs pas à devenir célèbre. Pourtant, tandis que les infidélités de Willy pèsent sur le couple, Colette souffre de plus en plus de ne pas être reconnue pour son œuvre…
Le film donne à voir la naissance d’une auteure, à la fois complètement libre de ses choix littéraires, et à la fois dirigée par son mari dans la façon d’écrire. Peu à peu, Gabrielle-Sidonie s’émancipe, se rebelle pour devenir Colette, celle que nous connaissons tous. Son destin est particulèrement original, car effectivement, rien ne prédestinait cette jeune fille de Puisaye à devenir écrivain.
Fasciné depuis de nombreuses années par la personnalité combative de Sidonie-Gabrielle Colette, Wash Westmoreland (Still Alice, Mary Shelley), réalisateur né dans le Yorkshire, rêve de lui consacrer l’une de ses œuvres. En 1999, assisté de Richard Glatzer, son coscénariste, coréalisateur et compagnon, il entreprend de lire des ouvrages qu’elle a écrits ou des biographies qui lui ont été consacrées. Ils prennent alors conscience que les années de son premier mariage (1893/1906) sont le reflet parfait de l’éclosion de la modernité du vingtième siècle, de cette époque-charnière où les femmes réclament davantage d’indépendance, dans tous les domaines, tandis que les hommes continuent de s’arc-bouter sur leurs droits.
Une palette de sentiments multiples
Keira Knightley, en rôle principale, campe – comme souvent dans ses films d’époque – une jeune ingénue passionnée qui se transforme par la force des choses en véritable lionne.
A ses cotés, Dominict West dans le rôle de son mari Willy, s’avère un parfait connard, aussi charmant que méprisant. Il incarne à la fois les valeurs machiste de son siècle du style « Quand c’est un homme qui est infidèle, c’est naturel » , tout en, paradoxalement, encourageant sa femme elle même à l’expérimentation sexuelle avec d’autres femmes.
Wash Westmoreland exploite à merveille les relations complexes au sein du couple Colette-Willy. Il nous régale sans faille d’une palette d’émotions allant de l’amour à la haine, de l’initiation à l’exploitation abusive, de l’admiration à la trahison.
Si la mise en scène reste conventionnelle, les décors sont somptueux les costumes parfaitement réalistes, typiques de la Belle Epoque. De fait, le film est très agréable à regarder. On se laisse emporter dans ce début de siècle où tout change, mais où l’esprit français reste intact.
L’avis de VDE
Si vous aimez les films d’époque ou les biopics, courez en salle voir Colette ! Le film de Wash Westmoreland reste fidèle au genre et présente une jeune écrivain sûre d’elle, au fur et à mesure du film.
Si vous n’avez jamais lu de Claudine ou autres romans de Colette, vous avez forcément entendu parler de leur auteure, et cela suffit pour comprendre qui était Colette.
Raconter la vie de Colette actuellement a évidemment du sens. Femme forte qui joue des coudes dans un monde d’hommes blancs machos, elle aurait pu être une personnalité des années 2018. Elle voulait être libre, porter des pantalons et aimer autant les hommes que les femmes. Aujourd’hui, près d’un siècle après les évènements du film, ce sont des sujets encore brûlants. Mais Colette n’est pas seulement un film qui résonne avec l’actualité, c’est aussi un biopic de qualité qui donne envie de se plonger dans les écrits de la romancière
Chloé LOURENÇO