Les élections européennes auront lieu au mois de mai prochain. Voix d’Europe a décidé de faire le tour des 27 membres de l’UE pour prendre le pouls de chaque Etat avant ce scrutin important.
Données générales sur l’Estonie

Le scrutin européen n’est pas identique partout en Europe. En Estonie, c’est une représentation proportionnelle qui s’applique, dans une circonscription unique à l’échelle du pays. Les électeurs peuvent choisir des noms dans les listes : on appelle cela un « vote préférentiel ». Ainsi, même en position non éligible, un candidat peut tout de même être élu.
L’Estonie ne compte que 1,3 million d’habitants (en 2018) répartit sur 45 228 km2. A ce titre, elle n’avait que 6 eurodéputés avant la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Avec le Brexit, elle en gagne un.

UE-Estonie : quelle relation ?
L’Estonie est rentrée dans l’Union européenne le 1er mai 2004, lors de l’élargissement massif de 15 à 25 Etats membres. Son intégration, parmi les plus facile jamais enregistrée en Europe, commence dès 1991, lorsqu’elle obtient son indépendance de l’URSS. Le démantèlement de cette dernière débute d’ailleurs à cette date.
En 1994, Tallinn signe un accord de libre échange avec l’UE, qui entre en vigueur en 1995. La même année est signé un accord d’association entre l’UE et l’Estonie. Il s’agit du premier pas à réaliser pour intégrer l’Union.
Les négociations commencent dès 1997, l’Union étant très largement favorable à l’entrée de l’Estonie en son sein. On ne note pas problème particulier lors des six années de pourparlers. En 2003, un référendum a été mis en place dans le pays pour s’assurer du soutien de la population à l’adhésion à l’UE. Le « oui » l’emporte avec presque 68% : c’est une victoire indiscutable. Le 1er mai 2004, l’Estonie intègre l’UE, comme 9 autres pays.
Au sein de l’UE, l’Estonie entretient des relations privilégiées avec ses voisins scandinaves, la Suède et la Finlande.
Toutefois, si l’Estonie cherche depuis presque 30 ans à se rapprocher chaque fois plus de l’UE, c’est avant tout à cause de la menace russe. S’éloigner de la Russie, se détacher de sa puissance, effacer les traces de son passé soviétique, cela explique beaucoup pourquoi l’Estonie voit l’UE comme une planche de salut.
Avec la Lituanie et la Lettonie, elle fait partie des pays d’Europe de l’Est les plus ancrés à l’Ouest. L’indépendance retrouvée, il était impensable de ne pas adhérer à l’UE, gage d’intégration économique. Le pays a d’ailleurs dû réaliser de nombreuses réformes en vue de la modernisation du pays pendant la phase de négociation et encore depuis l’intégration.
S’assurer une protection militaire est également important pour l’Estonie, pays enclavé entre la Russie d’un côté et la mer baltique de l’autre. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les Estoniens réaffirment leur volonté de développer une intégration militaire européenne, même si pour l’instant l’OTAN reste la seule protection efficace selon une majorité d’habitants.
Quelles priorités pour l’Estonie ?
De juillet à décembre 2017, l’Estonie a assuré la présidence tournante du Conseil européen. Elle compte ainsi rester dans son sillage et poursuivre les priorités développées pendant 6 mois : défi climatique, sécurité et numérique, innovation.
Les élections européennes interviennent moins de trois mois après les élections législatives du 2 mars dernier. Bien que l’on ne puisse pas se prononcer tant de temps en amont, il est fortement probable que cette élection ait des incidences sur les élections européennes.

Europhiles ou europhobes ?
Les partis les plus importants en Estonie sont de formation centriste, largement europhile. Seul le parti EKRE apparaît europhobe. Au cours des derniers mois, on a constaté une hausse sensible de ce parti.
Toutefois et malgré tout, il s’agit d’un pays enregistrant 77% de satisfaction de l’UE, ce qui représente l’un des taux des plus élevés de l’Europe. Profondément europhiles, les Estoniens considèrent l’UE comme une source de bien-être, de croissance économique et de stabilité. Interrogés sur ce qu’ils voudraient changer en Europe s’ils en avaient la possibilité, les habitants soulignent leur volonté de mieux défendre l’environnement.
Le blanchiment d’argent est également au coeur des priorités de l’Estonie. Le pays a été ébranlé par l’affaire de la branche locale de la Danske Bank, qui, entre 2007 et 2015, aurait permis le blanchiment de près de 200 milliards de d’euros.
Gageons que l’Estonie arrive à transmettre son amour de l’UE aux autres membres de l’organisation ou à ceux qui craignent de le voir faiblir.
Chloé LOURENÇO