« Je pense que nous pouvons faire le premier vignoble du monde sans glyphosate » a déclaré E. Macron le 23 février dernier. Alors que le président a expliqué qu’il n’était pas possible de sortir sans frais du glyphosate sous trois ans comme promis auparavant, le chef de l’état veut toutefois montrer sa détermination à se passer de l’herbicide secteur après secteur.
Le glyphosate, un pesticide « probablement cancérogène » selon l’OMS
Le glyphosate, utilisé depuis les années 70 n’a de cesse d’être décrié. Pesticide le plus commercialisé au monde, il est utilisé pour tuer les mauvaises herbes. Il est plus efficace et autosuffisant que les autres herbicides ce qui a de quoi attirer l’attention des autorités. De nombreuses études faites sur ce produit par diverses organisations au niveau national, communautaire et international ne se révèlent pas particulièrement alarmantes. Mais en 2017, on apprend que les rapports sur lesquels se basent ces études auraient été manipulés par Monsanto. Le glyphosate serait cancérogène.
Un scandale couvert par de nombreux acteurs politiques
Le rachat de Monsanto par le groupe allemand Bayer permet d’effacer en partie les scandales liés à la firme. En effet, même si les produits restent les mêmes, le nom du géant américain disparait. Les produits seront donc fabriqués par Bayer. L’herbicide controversé est désormais produit sur le sol européen. Certains fonctionnaires se retrouvent alors emprisonnés par les lobbies agricoles.
Il s’agit d’un véritable problème environnemental et de santé publique. Des études récentes expliquent comment le glyphosate peut être absorbé par notre organisme alors même qu’il serait toxique sur des cultures de cellules humaines. De plus, le glyphosate permet, certes de faire disparaître les mauvaises herbes, mais il réduit aussi la biodiversité en infiltrant les sols et les eaux souterraines.
Le brevet du Roundup produit par Monsanto est devenu public en 2000 et, en 2002, l’UE autorise l’utilisation du glyphosate sur son territoire. Aucune étude spécifique n’est menée ; les organisations se fient aux précédentes expertises dont celles fournies par les fabricants de l’herbicide. Bien que l’Union Européenne se soit prononcée pour plus de transparence, l’utilisation du glyphosate est prolongée sur le territoire.
Peut-on sortir du glyphosate en Europe ?
Selon les experts, il faudrait promouvoir une agriculture durable à petite échelle pour éviter que trop d’espaces soient contaminés et que les plantes deviennent trop résistantes aux herbicides. Cependant, la Politique Agricole Commune de l’UE ne semble pas adaptée au problème. En effet, les agriculteurs bénéficient de subventions en fonction de la surface de leur exploitation. Plus l’agriculteur possède de terrain, plus ses aides financières seront élevées. Ainsi, à l’échelle européenne, la PAC devrait de préférence accorder des subventions aux agriculteurs qui respectent l’environnement mais, cela suppose de s’opposer aux lobbyistes.
On constate également que les méthodes de substitutions ne sont pas forcément très respectueuses de l’environnement et entraînent une hausse des coûts que tous les consommateurs ne sont pas prêts à accepter. Des investissements dans la recherche et développement sont indispensables. En attendant, des associations de consommateurs proposent d’imposer un seuil limite de glyphosate dans les sols et de contrôler le taux du produit dans l’alimentation. Du côté des agriculteurs, la conviction idéologique doit primer sur la volonté de rentabilité car les méthodes alternatives présentent de nombreux inconvénients et ne sont pas toutes adaptées aux exploitations de grande taille.
On tend aujourd’hui plus à une limitation du glyphosate que son interdiction en attendant une innovation capable de surmonter le problème. L’impératif à présent est de faire face au défi environnemental et à la concurrencetout en assurant aux agriculteurs un niveau de vie décent.
Laudine Garnier, pour notre partenaire Courrier d’Europe