A l’approche des 30 ans de la chute du mur de Berlin, Voix d’Europe revient sur cet événement qui a changé l’Allemagne, l’Europe et le monde.
Le 9 novembre 1989, les Européens ne le savaient pas encore mais la destruction du mur de Berlin allait tout remettre en question. Réunification allemande, retard à rattraper, émancipation des pays de l’Est, la chute du mur a sonné le glas de l’Union soviétique et de la Guerre froide et a donné de sacrés défis à la Communauté européenne.
La peur d’une Allemagne surpuissante ?
L’UE n’existe pas encore, c’est encore la Communauté européenne économique. Jacques Delors est président de la Commission européenne. La question de la réunification de la RFA et de la RDA fait peur : l’Allemagne sera-t-elle une superpuissance en Europe ? La RFA s’est très bien développée, et grâce à ses voisins européens, a su dépasser les obstacles économiques infligées après la Guerre. La RDA, quant à elle, est plus en retard économiquement. Sous le joug soviétique depuis 45 ans, l’essor économique et social a été diamétralement opposé.
Mais la réunification rendrait le pays toujours plus fort et plus peuplé. Certains pays y voyaient donc une menace. Bien qu’accueillant la bonne nouvelle de l’ouverture à l’Est, la France ou le Royaume-Uni, notamment, ont montré leurs inquiétudes face au poids que pourrait obtenir l’Allemagne. Les craintes de revivre les horreurs de 39-45 resurgissent. Sa position centrale en faisait également un point stratégique pour une influence à l’Est. Ce qui n’était pas au goût des 11 autres pays membres.
Néanmoins, grâce au dialogue et la multiplicité des échanges, les pays européens ont accepté l’ajout de la RDA en tant qu’extension de la RFA. Des aides lui ont même été allouées afin de rattraper le retard qu’elle accusait.
La chute du mur a ainsi permis d’approfondir le dialogue entre les pays européens, de mettre l’intérêt européen avant l’intérêt national et de donner un nouveau souffle à une CEE qui perdait de l’influence après son apogée au milieu des années 1980.
Les élargissements à l’Est en perspective
La chute du mur de Berlin a non seulement réunifié la ville et les Républiques allemandes mais a ouvert également tout le bloc de l’Est. Cet événement a engendré la fin de l’URSS et la révolte de ses satellites européens.
Ces derniers, après avoir obtenu leur indépendance, ont immédiatement frappé à la porte de la désormais Union européenne. Conscients de l’aide que pourrait leur apporter les pays de l’UE, les pays de l’Est ont initié une restructuration profonde de leur système. De longues discussions et négociations ont ainsi boosté la communauté européenne.
Pour le Conseil de l’Europe, l’ouverture à la démocratie et la mise en place des droits de l’Homme dans des pays qui ont connu la dictature pendant des décennies étaient source d’espoir. La paix revenait en Europe et le combat pour la liberté reprenait à l’Est. Il a été plus facile que les pays de l’Est adhèrent au Conseil de l’Europe. La volonté de démocratie a redynamisé l’institution qui a gagné 30 membres.
Concernant l’UE, ce n’était pas seulement 2 ou 3 États qui étaient susceptibles d’intégrer la zone mais 10. 10 pays avec un retard économique et social conséquent. Un long travail s’annonçait, de toute part.
Cela a permis de relancer la machine européenne, de multiplier les rencontres et de faire avancer le projet européen.
La chute du mur de Berlin a forgé l’UE que nous connaissons aujourd’hui, avec ses qualités comme avec ses défauts. Cet événement historique, qui ne tient qu’au courage de certains Berlinois, a changé la face de l’Europe, de l’UE et leur destin. C’est grâce à cela que le projet européen a repris, que les pays de l’Ouest ont uni leurs forces, pour leurs intérêts.
Le monde tel que nous le connaissons et vivons, ne serait pas le même.
Wassila ZOUAG