Qui ne se souvient pas de la tempête électorale et économique qu’a connu la Grèce en 2015 ? Peu de monde en réalité. A l’époque, il ne se passait pas un jour sans entendre parler de la crise grecque, de sa dette colossale ou encore de sa possible sortie. Tous les scénarios allaient de mal en pis. Et c’est précisément le sujet du dernier film de Costa-Gavras.
On le sait, les Américains savent mettre en scène leur vie politique. Pas les Européens. Que l’on regarde la culture cinématographique, littéraire ou musicale, pas une fois on ne parle de sujets européens ou de politique européennes. Le sujet, jugé trop aride et pas assez « sexy » n’intéresse pas et n’est pas vendeur. Ce n’est pourtant pas l’avis de Costa-Gavras, 86 ans, qui s’est lancé comme défi de mettre en scène les soubresauts de la crise grecque de 2015. Son film, Adults in the room, sorti le 6 novembre dernier, présente le point de vue de Yanis Varoufakis, alors ministre des Finances, en butte à ses homologues de l’Eurogroupe.
Faire un film sur l’Europe, l’idée était tellement osée que Jean Quatremer lui-même en a fait une « coulisse » pour son blog Les Coulisses de Bruxelles : » Costa-Gavras s’attaque à un sujet particulièrement difficile, celui de la crise de la dette grecque, ou plutôt son ultime rebond en 2015. Il retrace en deux heures passionnantes la période qui s’étend de la victoire de Syriza, alors un parti de la gauche radicale, lors des élections de janvier 2015, jusqu’au référendum du 5 juillet qui précède de quelques jours la capitulation en rase campagne d’Aléxis Tsípras, le Premier ministre grec, obligé d’accepter un plan d’austérité sans précédent pour éviter une sortie de l’euro.«
Le réalisateur prend le parti de ne traiter le sujet que depuis le seul point de vue de Yanis Varoufakis, Ministre des Finances pendant un temps terriblement court. Le choix était périlleux, puisque ce personnage est controversé, et pas seulement au sein de l’UE, mais dans sa famille politique aussi. Pourtant, l’idée était de montrer la bataille qu’il a mené contre l’Eurogroupe, c’est-à-dire, le lieu où siègent les ministres des Finances de la zone Euro, au nombre de 19.
La trame du film est d’ailleurs fournie par Varoufakis lui-même, puisqu’il avait sorti un livre intitulé Conversation entre adultes, dans les coulisses secrètes de l’Europe, dans lequel il se livrait sans -trop- en rajouter.
« LUE, c’est du brutal »
Comme le précise Jean Quatremer pour Libération, « L’UE, c’est du brutal« . Pas forcément besoin d’effusion de sang par centaine de litres comme dans un blockbuster américain pour voir la violence. Ainsi, pour ce premier rôle, l’UE ne décroche vraiment pas le plus beau. Sans minimiser les responsabilités de la Grèce dans la crise grecque de 2015, Costa-Gavras montre à quel point l’Allemagne a imposé son choix et sa domination au sein de l’Eurogroupe. « Les scènes avec Wolfgang Schäuble, le grand argentier d’Angela Merkel, sont d’ailleurs parmi les plus réussies : cloué sur sa chaise roulante, il n’est pas sans évoquer le docteur Folamour de Kubrick lorsqu’il hurle en plein Eurogroupe : «Il faut payer, payer, payer !» Avant d’avouer un peu plus tard à Varoufákis qu’à sa place il n’accepterait pas un programme d’austérité dont la Grèce ne se relèverait pas. » précise Jean Quatremer.
Preuve est faite : l’UE, c’est un sacré sujet ! Et pour vous en convaincre, Voix d’Europe vous invite à vous rendre dans les salles obscures les plus proches de chez vous !
Chloé Lourenço