Première femme française diplomate, Suzanne Borel a marqué l’histoire en devenant la première figure d’une liste qui s’allonge d’année en année.
Né le 18 octobre 1904 à Toulon, Suzanne Borel vient d’une bonne famille. Son père a fait Polytechnique et est colonel tandis que sa mère est la fille du médecin militaire auteur de la première suture cardiaque. Elle voyagera au fil des affectations de son père et développera de grandes capacités en langues étrangères.
Face au sexisme
Après des études de lettres à la Sorbonne, des études de chinois à l’INALCO puis des études de sciences politiques, elle réussit le concours d’entrée au Ministère des Affaires étrangères – ouvert depuis 1928 aux femmes – et devient attachée d’ambassade en juillet 1930. Un décret du Conseil d’Etat est nécessaire. En effet, les femmes pouvaient passer le concours mais n’étaient pas autorisées à obtenir des postes à l’étranger. Ce n’est qu’en 1945 qu’une autre femme obtiendra le concours.
Elle se heurte au sexisme, à la misogynie, à la discrimination sexuelle. On la prévient que les hommes de sa promotion avanceront de grade avant elle, le Secrétaire général lui propose même de démissionner directement et de rester chez elle, au chaud. Suzanne Borel n’abandonnera pas, grâce à d’autres hommes, selon son témoignage.
La Guerre, un tournant pour sa carrière

Elle est résistante pendant la Seconde Guerre mondiale bien qu’elle continue à travailler au Ministère sous le régime de Vichy. Son poste aux passeports et visas puis à la valise diplomatique lui permet de faire passer des messages et des éléments à la Résistance. Elle évite un piège et l’arrestation début 1944 et fuit en France libre jusqu’au débarquement en Provence à l’été 1944.
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Après la guerre et sur les conseils de Marcella Campana – première femme Ambassadeur -, Georges Bidault, alors ministre des Affaires étrangères, fait rechercher Suzanne Borel et la nomme directrice adjointe de son cabinet. Des personnes de confiance sont nécessaires dans cette période de reconstruction. Elle épousera Georges Bidault en 1945.
Elle occupera ensuite des postes de haut-niveau au Ministère et en cabinets ministériels. Elle rentre dans la politique et les décisions, tout ce qui lui avait été refusé avant.
Entre 1944 et 1960, elle alterne ses missions au gré des affectations de son mari. Le règlement de l’époque empêchait le conjoint d’un diplomate à travailler également à l’étranger.
A son départ à la retraite, elle est nommée Ministre plénipotentiaire et est, une nouvelle fois, la première femme à avoir ce grade.
Elle est décédée novembre 1995, à l’âge de 91 ans.
Si vous êtes une femme et que vous cherchez un modèle, vous avez celui de Suzanne Borel.
Wassila ZOUAG