Femin’Histoire #39 : Nzingha MBandi

Nzingha MBandi fut reine du Matamba et du Ndongo, qui se situent dans l’actuel Angola, durant les XVI et XVIIèmes siècles. Nzingha MBandi est peu connue de la culture européenne. Elle a pourtant défendu de toutes ses forces l’Angola et ses royaumes de la colonisation portugaise.

Une ascension féministe

Née en 1583 et fille de roi, Nzingha a deux soeurs et un frère, qui succèdera à leur père. Nzingha n’était pas destinée à régner. Elle assiste son frère, devenu « Ngola », c’est-à-dire roi de l’Angola. Elle devient en 1622 son émissaire auprès du gouverneur portugais Joao de Sousa. Le Portugal a commencé à coloniser cette partie de l’Afrique depuis plusieurs années mais se heurte encore aux populations locales, qui se battent pour leur liberté. Nzingha deviendra le symbole de cette lutte.

Dans le cadre de sa mission d’émissaire, Nzingha tente de négocier un traité de paix avec les Portugais et de récupérer un maximum de terres qui ont été prises au royaume de son père. Le gouverneur donne son accord et un traité est signé. L’histoire dit que ce dernier n’a pas invité Nzingha à la signature bien qu’elle ait fait tout le travail. Ne se défilant pas, elle s’est tout de même installée à la table de signature.

En signe de reconnaissance, elle adopta un nom portugais, Ana de Sousa, en l’honneur de la femme du gouverneur. Malheureusement, les Portugais n’ont pas respecté les termes du traité et ont continué les massacres. Cela a poussé le frère de Nzingha au suicide. Elle assure alors la régence pour son neveu puis le fait assassiner. Dès 1626, elle se proclame reine du Ndongo.

Une vie à repousser les colonisateurs

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Nzingha passera sa vie à tenter de contrer les plans des Portugais. Leur colonisation est violente et sans pitié. Nzingha est une stratège politique et militaire. Elle mène d’une main de fer ses royaumes et essaie de créer des alliances. Elle est une adversaire redoutable et certainement inattendue pour les Portugais.

Dans les années 1640, les Pays-Bas, qui ont colonisé les régions au nord de l’Angola (« Kongo ») s’emparent de Luanda. Nzingha y voit des alliés qui lui permettrait de contrecarrer les Portugais. Après plusieurs défaites, elle finit par gagner en 1947 avec l’aide des Pays-Bas. En alternant victoires et défaites, elle finit par concéder beaucoup de territoires et se réfugie au Matamba. Les Portugais, qui ont conquis le Brésil, ont fait venir des renforts.

Cela ne l’empêchera pas de continuer à défier les colonisateurs et a dirigé son armée à l’approche des 70 ans. Une lutte incessante pour ne pas céder face aux superpuissances européennes.

Une fin de vie de compromis mais un héritage historique

Lassée des luttes, elle finit par signer un traité de paix avec le Portugal en 1657. Un des termes est que sa famille doit rester au pouvoir sachant qu’elle n’a pas d’enfant. Elle meurt en décembre 1663, à l’âge de 80 ans.

Nzingha est très connue en Angola pour sa lutte acharnée contre la colonisation portugaise, pour sa stratégie militaire et son côté diplomate, qui plus est pour être une femme. Elle a sans doute mieux géré le pays à l’époque que ses prédécesseurs.

Une femme noire, forte, parfois cruelle mais qui s’est battue pour son pays. Voilà la description de Nzingha Mbandi. Une femme parmi tant d’autres qui ont changé l’Histoire et qui sont pourtant méconnues du grand public.

Wassila ZOUAG

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