A l’occasion du Salon de l’Agriculture qui se tient à Paris, Voix d’Europe a décidé de faire le point sur la plus ancienne politique de l’UE. La Politique Agricole Commune (PAC), vieille de 58 ans, est sur le point d’être réformée. Son principale défi était de développer le secteur agricole et de rendre l’UE autosuffisante sur le plan alimentaire. Elle se tourne maintenant vers de nouveaux challenges.
Prévue par le Traité de Rome en 1957, la PAC ne voit le jour que quelques années plus tard, en 1962. Son but principal était de relancer la production agricole d’un continent ravagé par la guerre tout en assurant des prix convenables aux consommateurs et un revenu décent aux agriculteurs. La communauté européenne fraichement créée supprime les droits de douanes entre les six pays fondateurs afin d’inciter les agriculteurs à produire davantage. Elle subventionne également aussi les exportations vers le reste du monde et taxe les importations.
Le mécanisme des « prix garantis », elle permet aux agriculteurs de vendre leur production quoi qu’il arrive. De cette façon, un produit qui n’est pas vendu par l’agriculteur est rachetée par la communauté à un prix minimum fixé. Tous ses produits sont donc, de toute façon, vendus, ce qui lui permet de produire sans se soucier de la vente.
Une politique remplie de succès
Quelques années plus tard, le succès de l’agriculture européenne est incontestable. La production et les revenus montent en flèche pour les agriculteurs, qui modernisent leurs fermes tandis que les consommateurs voient les prix de l’alimentation chuter. De ce côté, tout va bien.
En revanche, la PAC pèse de plus en plus lourd dans le budget communautaire. C’est pourquoi à partir des années 1980, les réformes se succèdent pour tenter de réduire ce coût, et donc, la production également. A cela s’ajoutent d’autres défis, comme celui de répondre aux pays -principalement des Etats-Unis- qui critiquent le protectionisme européen.
De réforme en réforme, le système de la PAC se complexifie, tant et si bien que la politique d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle qui a été créée en 1962. Des aides financières sont aujourd’hui versées directement aux agriculteurs, en fonction de leur surface agricole ou du nombre de leurs bêtes. Et seulement si l’agriculteur respecte certaines pratiques environnementales. Un budget spécifique soutient également le « développement rural » : agriculteurs des zones défavorisées, jeunes, producteurs en « bio »… Une vaste panoplie d’outils et de règles encadrent aujourd’hui l’agriculture européenne.
Une nouvelle PAC pour demain
Bien que réduites, les aides de la PAC représentent toujours la moitié du budget de l’UE. La Commission européenne a décidé d’en réduire l’enveloppe à partir de 2021, d’autant qu’avec le départ du Royaume-Uni, le budget européen est déjà sacrément entamé. Cependant, une majorité de pays s’y opposent, dont la France, principal bénéficiaire (elle reçoit environ 9 milliards d’euros par an).
La PAC ne satisfait plus non plus bon nombre d’agriculteurs qui préfèreraient vivre de leur production et de leurs ventes plutôt que des aides européennes. Enfin, et bien que la PAC ait rapidement permis aux Européens de se nourrir en quantité suffisante, de plus en plus de consommateurs exigent désormais une alimentation de meilleure qualité et des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement.
Il ne reste plus qu’à attendre de voir ce qu’il se passera sur le plan agricole.
Chloé LOURENÇO