Qui n’a pas pleuré ou ri en lisant Les Habits Neufs de l’Empereur, La Princesse au petit pois, La petite fille aux allumettes ou encore la Petite Sirène ? Tous ces titres de contes pour enfants sont l’oeuvre du Danois le plus célèbre, Hans Christian Andersen. Par ces temps de confinement, Voix d’Europe vous propose de (re)lire la prose d’Andersen.
Une enfance triste et mélancolique
Hans Christian Andersen voit le jour le 2 avril 1805 à Odense, dans le foyer misérable d’un cordonnier. Son père, qui rêve de gloire, s’engage en 1812 dans la Grande Armée de Napoléon, et meurt quatre ans plus tard. Comme sa mère est illettrée et son grand-père fou, c’est essentiellement sur sa grand-mère que repose l’éducation du petit Hans-Christian. Renvoyé de l’école pour avoir dessiné un drôle de château, il se renferme dans son monde bien à lui, construit un petit théâtre et fabrique décors et costumes pour ses poupées. À quatorze ans, l’adolescent quitte Odense pour Copenhague où il tente de publier des pièces et des poésies. Son destin bascule avec la rencontre de Jonas Colin, directeur du Théâtre royal, qui le prend sous sa protection et l’envoie au collège.
Fuite à Copenhague
Après de brèves tentatives de travail, dans une fabrique de draps, puis une manufacture de tabac, le garçon qui a alors treize ans, une jolie voix, et une immense envie de devenir célèbre (il a lu toutes les biographies de personnages célèbres), est admis au cours d’éducation religieuse du doyen Tetens, avec des enfants d’une classe sociale très supérieure à la sienne. Souffre-douleur de ses camarades de collège, le jeune homme conserve néanmoins la folle ambition d’accéder à la gloire littéraire. Il entre à l’Université où il étudie la philologie et la philosophie. Dès 1822, Andersen commence à publier ses premiers textes : un récit fantastique inspiré par E.T.A.Hoffmann, Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d’Amagre (1830). Il obtient son premier succès l’année suivante avec Reflets d’un voyage dans le Harz, récit d’un voyage en Europe.
Ses examens en poche, il part en 1830 à la découverte de l’Europe. De la Norvège à l’Écosse, de l’Italie à l’Orient, il traverse dans les années qui suivent tous les pays qui comptent. Il ne manque pas de rencontrer les personnages qui comptent et de gagner leur affection. Parmi ses amis les plus illustres : Franz Liszt, Charles Dickens, Victor Hugo !
Ses voyages donnent lieu à des récits pittoresques. Ils lui inspirent aussi de petits romans. Mais c’est avec la publication d’un premier recueil de contes pour enfants, en 1835, à trente ans, qu’Hans-Christian Andersen acquiert enfin la célébrité tant recherchée.
Contes pour enfants & renommée
Il va dès lors multiplier les publications à raison d’un volume par an. Émouvants, issus de sa seule imagination et de ses souvenirs de jeunesse, ses Contes mêlent le merveilleux et le réel. Ils racontent des histoires souvent douloureuses, rarement heureuses (La Reine des Neiges). À la différence des contes des frères Grimm, publiés dans les années 1812-1822, ils n’ont pas de prétention morale. Laid et hypersensible, célibataire faute de mieux, Andersen s’est dépeint sous les traits du « vilain petit canard », l’un de ses plus beaux contes. Ses contes mettent en scène des rois, des reines réels ou légendaires; des animaux, des plantes, des créatures magiques (sirènes et fées) et même des objets. Parmi ses contes, les plus célèbres sont Le Vilain Petit Canard, La Reine des neiges, Les Habits neufs de l’empereur, Les Cygnes sauvages et La Petite Sirène.
Andersen est maintenant l’homme le plus fêté et le plus choyé du Danemark. Le 6 septembre 1869, qui correspond approximativement au cinquantième anniversaire de son arrivée dans la capitale, ses amis organisent un banquet de deux cent quarante quatre couverts en son honneur.
Heureux chez lui, Andersen ne vit pourtant pas dans l’aisance, malgré sa notoriété internationale. Les éditeurs étrangers ne lui versent pas d’argent puisqu’il n’y a pas d’accord international sur les droits d’auteur. Andersen n’est payé que s’il publie son manuscrit directement dans un pays, avant d’être édité au Danemark. À partir de 1843, l’écrivain s’est défendu d’avoir écrit ses contes seulement pour les enfants. Ce phénomène de conteur était très nouveau à l’époque en littérature, et si Andersen s’attira la sympathie des cercles intellectuels dans tous les pays, c’est parce qu’il venait d’inventer un genre qui se confondait avec la poésie.
Andersen a laissé à ses contemporains l’image d’un gaffeur qui est restée longtemps attachée à sa personnalité hypocondriaque, ou maladroite.
En 1867, sa ville natale le fit citoyen d’honneur et il eut le bonheur d’inaugurer sa propre statue. Sa dernière biographie – Le conte de ma vie (1853) – commence par ces mots : « Ma vie est un beau conte de fées, riche et heureux ». Mort dans sa petite maison de Rolighed, près de Copenhague, il repose au cimetière Assistens (Copenhague). Ses histoires, traduites en plus de quatre-vingt langues, connaissent un succès durable et inspirent des écrivains, des metteurs en scène, des réalisateurs, des chorégraphes, des sculpteurs et des peintres.
Chloé LOURENÇO