C’est une vieille dame de plus de 800 ans qui trônait au milieu de l’île de la Cité, à Paris. Pour de nombreux Parisiens, elle était comme un phare, les guidant nuit et jour, rythmant leur vie avec le tintement de ses cloches et de son emblématique bourdon. Cet édifice, commencé e 1163, n’a finalement été terminé que près de deux siècles après, en 1345. Église paroissiale royale au Moyen Âge, elle accueille l’arrivée de la Sainte Couronne en 1239, puis le sacre de Napoléon Ier en 1804, le baptême du duc de Bordeaux en 1821, ainsi que les funérailles de plusieurs présidents de la République française, comme Adolphe Thiers, Charles de Gaulle ou encore François Mitterand. Inspirante pour certains, rassurante pour d’autres, elle faisait partie de la vie de tous les Français, et même peut-être beaucoup plus loin. Et il y a un an jour pour jour, son destin à basculer.
Notre-Dame en flammes
L’incendie se déclare le 15 avril 2019 dans l’après-midi, alors que la cathédrale se refaisait une beauté. Des travaux de restauration gigantesques avaient été engagés plusieurs mois auparavant afin de nettoyer la flèche de Notre-Dame de la pollution ainsi qu’un ensemble de statues métalliques oxydées. Le chantier de la flèche devait durer 4 ans et par la suite, le choeur devait être restauré sur une dizaine d’années. L’imposant échafaudage de 45 à 65m parfois, desservi par plusieurs ascenseurs, était vu comme une véritable fourmilière où plusieurs ouvriers expérimentés se relayaient pour prendre soin de la vieille cathédrale. Si l’exercice était périlleux, il était toutefois maitrisé par les maîtres d’oeuvre, qui s’étaient déjà occupés d’autres églises.
Il est 18h43 quand un départ de feu est déclaré dans les combles de Notre-Dame de Paris. Très vite la cathédrale est évacuée et un important dispositif de pompiers est mis en place. Les Parisiens restent muets face au désastre qui se déroule devant leurs yeux impuissants. Il est près de 20h lorsque la célèbre flèche, haute de 93 mètres, s’embrase et s’effondre dans le brasier. Ce chef-d’œuvre aux traits gothiques, pourtant édifié au XIXe siècle par Viollet-le-Duc, abritait trois reliques, toutes sauvées. Le coq au sommet de la flèche a été retrouvé le lendemain. Il contenait une parcelle de la Sainte Couronne d’épines, une relique de Saint-Denis et une autre de Sainte-Geneviève. Les heures passent et les flammes s’emparent de la toiture et de la charpente qui se consument rapidement. À 21h, un départ de feu est même observé dans une des tours, ce qui fait craindre un effondrement total de la cathédrale.
Toute la nuit, les catholiques se sont rassemblés pour prier et chanter sur la place Saint-Michel ou à côté de l’Hôtel de Ville. Tous, sans exception, espéraient qu’au moins les deux tours emblématiques de Notre-Dame soient sauvées. Elles ne s’écrouleront finalement pas, au grand soulagement de tout le monde, chrétien ou non. Au total, 600 pompiers ont été mobilisés et 18 lances à incendie déployées. Grâce aux héros du feu, «la structure de Notre-Dame est sauvée et préservée dans sa globalité», déclarera le commandant de la Brigade des sapeurs-pompiers, le général Jean-Claude Gallet.

Sauver reliques et rosaces
Le 16 avril au milieu de la matinée, on apprend de la bouche du secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, que la structure globale de Notre-Dame est sauvée. Ses magnifiques rosaces se s’effondreront pas, et bien qu’elles soient pour l’instant noircies par la suie et le plomb fondu, elles pourront retrouver leurs lettres de noblesses et leurs couleurs étincelantes. La charpente, surnommé « La Forêt » à cause du nombre impressionnant d’arbres nécessaires à sa construction, n’a pas eu cette chance et est partie en fumée. Heureusement, les reliques les plus précieuses sont également sauvées.
Plus de 227 millions d’euros engagés
Les restaurations, ont commencé il y a un an suite au formidable élan de générosité mondiale. Les promesses de dons sont à plus de 90% des engagements « fermes et définitifs », indique la Fondation du patrimoine. La Fondation du patrimoine a publié, vendredi 10 avril, le résultat de sa collecte lancée dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle a, à ce jour, récolté 227 817 272 euros, provenant de 236 146 donateurs de 140 pays différents. Parmi les donateurs se trouvent 259 collectivités et près de 3 700 entreprises françaises ou étrangères. Et 40% de ces dons, soit plus de 87 millions d’euros, sont déjà encaissés. Le reste sera versé annuellement tout au long des travaux.
Le chantier de consolidation de Notre-Dame de Paris a été interrompu en mars en raison de l’épidémie de nouveau coronavirus. Les installations de décontamination existantes ne permettaient pas de garantir de manière suffisante la mise en œuvre des règles de sécurité pour les ouvriers travaillant sur ce chantier, a expliqué l’établissement public. Il s’agit notamment des distances minimales de sécurité. A ces distances de sécurité, s’ajoutaient également les combinaisons anti-plomb et la nécessité pour les ouvriers de porter obligatoirement un masque. Impossible donc de continuer les restaurations, les consolidations et le désencombrement de la structure.
La semaine dernière, à l’occasion des fêtes de Pâques -la deuxième fête la plus importante pour les Catholiques- l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, a néanmoins organisé une célébration à minima, avec lectures de textes et morceaux de violon. L’idée était de redonner un peu de vie à Notre-Dame, un an après le drame.
Il faudra encore de longues années avant de Notre-Dame redeviennent celle qu’elle était. Peu importe. L’important pour les Parisiens qui se promènent le long des quais et pour les touristes qui viennent admirer ses deux tours carrées, magnifiques et prestigieuses, est de pouvoir continuer à l’admirer, pouvoir continuer à prier à côté d’elle, et espérer qu’elle redevienne le phare qu’elle a toujours été.
Chloé LOURENÇO