Écrivaine et exploratrice anglaise, Mary Kingsley a beaucoup influencé l’Europe dans sa manière de considérer l’Afrique et les Africains.
Mary dans l’ombre de son père
L’histoire de Mary Kingsley commence dans la ville de Islington (Londres) en 1862 où elle nait. C’est la fille du médecin, écrivain et grand voyageur George Kingsley et de Mary Bailey, une employée de cuisine mise enceinte par accident. Les parents de Mary Kingsley se marient quatre jours avant sa naissance, évitant ainsi de justesse le titre d’enfant illégitime à Mary.
Son père passe son temps à voyager aux quatre coins du globe et souvent il peut se passer plusieurs années avant que Mary ne le revoie. Elle lui écrit beaucoup pendant ces voyages mais souvent ses lettres n’ont pas de réponse. Sa mère est invalide et doit donc être surveillée à toute heure. Mary doit s’en occuper et est obligée de quitter l’école, ni se créer un semblant de vie sociale : elle passe donc tout son temps chez elle.
Elle occupe son temps libre en lisant tous les livres de la bibliothèque de son père. Elle en profite également pour apprendre le latin, l’allemand, l’arabe, le syrien, la physique et la chimie, et se régale des récits de voyages des grands explorateurs. Elle devient alors l’assistante de son père et l’aide à cataloguer tous les échantillons et spécimens qu’il fait envoyer à Londres.
En février 1892, son père meurt. Sa mère le suit cinq semaines plus tard. Libérée de ses obligations familiales, et disposant d’un revenu de 500 £ par an, Mary peut enfin voyager.

L’amour pour l’Afrique
Après la mort de ses parents et avec la fortune qui lui a été laissé, Mary décide de partir à l’aventure et de découvrir l’Afrique. Elle ramène avec elle le matériel indispensable pour terminer un ouvrage que son père avait commencé d’écrire sur certaines populations de ce continent.
En août 1893 Mary débarque en Angola à Luanda. Elle partagea la vie des habitants. C’est dans cette optique qu’ elle décide de vivre parmi les tribus locales qui lui apprennent tout ce qu’elle doit savoir pour survivre dans la jungle, et elle s’aventure seule dans des contrées dangereuses. Ainsi, elle ira à la rencontre des cannibales, explorera des marécages infestés de crocodiles et fera l’ascension du mont Cameroun.
Entre 1893 et 1894, elle explore donc les territoires qui forment aujourd’hui le Nigeria, la Sierra Leone et le Gabon. Elle devient au passage la première femme à gravir le Mont Cameroun (une petite marche d’environ 4 040 mètres d’altitude, pas de quoi en faire un fromage quoi !). Elle expliquera par la suite qu’elle essayait juste d’avoir une bonne vue pour admirer la chaîne de montagnes. Or les mauvaises conditions du temps l’en empêcheront.
Elle visite l’Afrique une nouvelle fois en 1895 afin d’étudier des tribus cannibales. Elle se déplace en canoë sur le fleuve Ogooué où elle découvre des espèces de poissons inconnues. Après sa rencontre avec les Fangs, elle escalade les 4 100 m du mont Cameroun par un itinéraire inconnu des Européens.
Ses aventures font la une en l’Angleterre et à son retour en octobre 1895, elle est accueillie par une foule de journalistes prêts à tout pour l’interviewer. Elle est désormais célèbre et dans les trois années qui suivent. Elle donne des conférences dans tout le pays sur ses expériences africaines.
Mary Kingsley n’a peut être pas marqué l’histoire pour ses idées avant-gardistes et féministes. Cependant cette femme a été pionnière dans l’intégration et l’image de l’Afrique en Europe et dans le monde.
Natacha Da Rocha