Pologne : les élections qui pourraient tout changer ?

Les Polonais étaient appelés aux urnes hier dimanche 28 juin pour élire leur Président. Ce scrutin pourrait sonner un changement politique important dans ce pays où le PiS, affilié à l’extrême-droite, a pris le pouvoir il y a 5 ans et ne s’est pas fait que des amis en Europe.

11 candidats étaient en lice

Et aucune femme ne figure sur la liste, Malgorata Kidawa-Blonska de la Coalition civique, ayant renoncé courant mai. Ses adversaires étaient :

  • Andrzej Duda, droite populiste (Droit et Justice, PiS), candidat à sa succession une dernière fois), favori ;
  • Robert Biedron, de gauche et premier politique polonais ouvertement homosexuel ;
  • Krzysztof Bosak, nationaliste et acutellement député à la Diète ;
  • Szymon Holownia, indépendant écologiste et libéral ;
  • Marek Jakubiak, populiste souverainiste ;
  • Władysław Kosiniak-Kamysz, démocrate-chrétien centriste ;
  • Mirosław Piotrowski, droite traditionaliste ;
  • Paweł Tanajno, indépendant ;
  • Rafał Trzaskowski, de la Coalition civique, europhile, maire de Varsovie et plus grand rival de Duda
  • Waldemar Witkowski, social-démocrate ;
  • et enfin Stanisław Żółtek, droite libérale.

Cette élection revêt une grande importance pour Duda et le PiS. Populiste, ce parti a pris le pouvoir en 2015. Depuis plusieurs cependant, le PiS est en perte de vitesse. Les Polonais protestent dans les rues et l’Etat de droit, de moins en moins respecté, reflète une image négative du pays au niveau international.

D’après les dernières estimations, les deux candidats en lice pour un second tour sont Andrzej Duda et Rafal Trzaskowski, avec respectivement près de 42% et 30,5%. L’actuel président a donc une belle avance devant son rival. Mais le jeu des alliances et ralliements pourrait avoir raison de lui.

Un scrutin reporté à cause du Covid-19

Les élections présidentielles polonaises devaient avoir lieu, à l’origine, les 10 et 24 mai 2020. Un large débat eu lieu quant à un éventuel report de ces élections. Bien que la Pologne est un des pays les moins touchés par le coronavirus, la majorité des étiquettes politiques préféraient reporter de quelques semaines le vote.

Le PiS, parti actuellement au pouvoir, était contre. L’opposition l’a accusé de calculs et stratégie politique car son électorat – plutôt rural – n’est pas trop touché par le coronavirus et irait même en pleine épidémie.

Le Président du Conseil des Ministres propose alors d’étendre le mandat actuel d’Andrzej Duda de deux ans, sans possibilité pour lui de se présenter ensuite. L’opposition souhaite reporter à l’automne. Une autre proposition était de faire le vote par courrier postal, ce qui peut entraîner de grandes fraudes.

Finalement début juin, les partis s’accordent sur le calendrier et annoncent le premier tout pour le 28 juin et le 12 juillet.

Une élection cruciale pour les relations Pologne-UE

L’arrivée du PiS au pouvoir il y a 5 ans a nettement dégradé les relations entre la Pologne et l’Union européenne. Passé du côté populiste europhobe, le pays a connu un virage extrême.

L’Etat de droit, avec une influence du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif en particulier, les droits de l’Homme ou la gestion xénophobe de la crise des migrants ont eu raison de la relation européo-polonaise. Une enquête a même été lancée par Bruxelles contre Varsovie concernant le respect des valeurs fondamentales européennes au sein de la Pologne.

Ce scrutin est donc crucial pour les futurs échanges du pays avec le reste des 26 Etats membres. Une victoire de Duda impliquerait encore un long conflit de 5 ans alors qu’une victoire de l’europhile Trzaskowski apaiserait sans doute les tensions.

A très vite sur Voix d’Europe pour le résultat du second tour !

Wassila ZOUAG

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