Fin des relations UE-Russie ?

Les relations diplomatiques entre l’UE et la Russie se sont beaucoup dégradées ces dernières semaines. La visite du chef de la diplomatie européen à Moscou au début du mois de février n’a rien arrangé. Bien au contraire.

Les tensions entre les Russes et les Européennes existent depuis toujours. Les deux côtés tentent à chaque crise de préserver des relations diplomatiques cordiales. L’UE a toujours fait attention à ne pas trop froisser son puissant voisin de l’Est et à fermer les yeux, malgré les annexions, les répressions et les intimidations. L’UE a toujours souligné ses désaccords avec la Russie, sans jamais prendre de réelles mesures effectives ou de sanctions importantes. Mais cela risque de changer prochainement.

L’affaire Navalny, tournant des relations

La condamnation à plus de trois de prison pour l’opposant Alexeï Navalny a mis le feu aux poudres. Soignée en Allemagne après son empoisonnement en Russie, l’opposant à Vladimir Poutine a souhaité revenir dans son pays et s’est fait arrêter dès qu’il a posé le pied sur le sol russe. Son arrestation et sa condamnation ont fait un tollé en Europe qui dénonce l’autoritarisme du Kremlin.

Josep Borrell, Haut-représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité (équivalent d’un ministre des Affaires étrangères) a ainsi souhaité se rendre en Russie pour apaiser les tensions et tenter de trouver un compromis concernant Navalny. Le Kremlin n’a pas vraiment apprécié que l’UE se mêle de cette affaire et l’a bien fait savoir.

Dire que cette visite a été un fiasco est un euphémisme. Moscou a ridiculisé Bruxelles et ne s’en cache pas. A la suite de cette visite, le Kremlin a renvoyé 3 diplomates (allemand, néerlandais et polonais) et s’est dit prêt à s’isoler du monde si cela était nécessaire.

Humilié, Josep Borrell a subi le courroux des législateurs européens et a dû justifier son échec cuisant. Il a durci le ton ses derniers jours et a appelé à défendre les valeurs des droits de l’Homme en Russie. Sans vraiment le vouloir, il est devenu le critique numéro 1 en Europe du Kremlin.

Un mépris qui soude les 27 ?

Le mépris éhonté des Russes amène un point positif : les 27 s’accordent sur des sanctions à l’égard du géant communiste.

Les Etats membres n’ont jamais trouvé un terrain d’entente concernant la Russie. La plupart des pays de l’Est faisaient encore partie de l’URSS il y a 30 ans et ont gardé des relations fortes avec la Russie. Puissant partenaire commercial, certains pays de l’UE n’osent pas s’opposer à Moscou. Des sanctions fortes et unanimes ont donc toujours été inenvisageables.

Or, l’humiliation sans précédent des autorités russes a rapproché les Européens. Ils se doivent de réagir et de garder la tête haute malgré le camouflet. Le mépris russe amène les 27 à envisager davantage des vraies sanctions voire de couper les liens diplomatiques avec les Russes. Josep Borrell mène le front et pour une fois, les 27 pourraient tomber d’accord.

Il fallait visiblement en arriver jusque-là pour que l’UE ne cesse de faire l’hypocrite avec la Russie. Ces graves tensions sont le dossier du moment à Bruxelles et la situation risque d’évoluer rapidement, et non, pas dans le sens de chaleureuses retrouvailles.

Wassila ZOUAG

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