Fémin’Histoire #50 : Frances Glessner Lee

Pionnière de la « science forensique » (ensemble des analyses fondées sur les sciences, notamment en criminologie), Frances Lee était un médecin légiste américaine qui a révolutionné la médecine légale.

Une vie bridée par des hommes

Née à Chicago en 1878 dans une famille plutôt aisée, Frances Glessner Lee est la fille d’un industriel qui travailler pour l’International Harvester, fabricant de camions. Elle est éduquée à domicile avec son frère, qui s’en va faire ses études à Harvard. Néanmoins, la famille de Frances ne lui permet pas de continuer ses études supérieures mais la marie à un avocat, Blewett Lee, dont elle finira par divorcer.

Quelques temps plus tard, son intérêt pour la médecine légale augmente et elle en fait part à ses proches, qui tentent de la décourager. Elle doit attendre la mort de son frère en 1930 pour hériter de la fortune des Glessner et pour pouvoir faire ce qu’elle veut. Elle commence alors une carrière dans la médicine légale à 52 ans.

Un passion pour les enquêtes

Frances a longtemps été influencée par un ami de son frère, George Magrath, étudiant à la Harvard Medical School et qui adorait également les enquêtes sur les décès. Il devient médicin légiste en chef à Boston et intègre Frances à son équipe. Ils se battent ensuite pour que les légistes soient désormais des professionnels de médicine et donc des médecins. Avec sa fortune, Frances, elle crée le premier département de médecin légale au monde, à Harvard. En 1938, George Magrath meurt et Frances fait des dons en son honneur pour la promotion de la médicine légale.

C’est ainsi que d’autres États et départements américains ont commencé à changer leur système d’enquête et d’examen des corps. Le perfectionnisme et l’investissement de Frances Lee dans la médecine légale et la science forensique, notamment avec ses dioramas (reconstitution de scène) ont révolutionné les enquêtes d’homicides.

Les décennies suivantes, Frances Lee participe et organise de nombreux séminaires sur les enquêtes d’homicides. Des personnes de toute profession (policiers, enquêtes, juges, procureurs, avocats) sont invités. Lors d’un de ses séminaires, elle présente son fameux Nutshell Studies of Unexplained Death (Études réduites de morts inexpliquées) qui consistent en des dioramas habilement faits de réelles scènes de crimes avec portes, fenêtres et lumières. Les personnes présentes devaient ensuite étudier la scène et essayer un maximum de détails permettant de résoudre l’enquête.

Diorama de la chambre rouge, reconstitution d’une scène de crime, par Frances Glessner Lee

Ses dioramas sont toujours utilisés par Harvard dans le cadre de la formation de la police scientifique. En 1943, elle est nommée Capitaine Honoraires de la police du New Hampshire et est la première femme à atteindre ce rang aux États-Unis.

Frances Glessner Lee meurt en janvier 1962 après avoir marqué et révolutionné la médecine légale en à peine 20 ans. Ses techniques avant-gardistes ont accélérer les résolutions d’enquêtes pour meurtre.

Wassila ZOUAG

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