Coblence, ville de Rhénanie-Palatinat, doit son nom à sa particularité. Effectivement, elle est située aux confluents du Rhin et de la Moselle: Confluentia en latin. La cité connut une influence française lorsque qu’au moment de la Révolution les comtes d’Artois et de Provence, frères de Louis XVI, s’y installèrent et voulurent entrainer les princes allemands dans la contre-révolution. Une autre anecdote : c’est la ville natale de Valéry Giscard d’Estaing ! Prêts à embarquer pour Coblence ?
Une histoire chargée
Coblence est une ville qui a souvent changé de royaume. Dès le Moyen-Âge, elle appartenait à Charlemagne, mais à sa mort en 814, le royaume est partagé entre ses fils, puis entre ses petits-fils et ainsi de suite. La ville sera détruite par les pillages normands dès 882. Après un nouveau partage du royaume, Coblence et la Lotharingie se retrouvent dans le Royaume franc de l’est, qui deviendra plus tard le Saint-Empire romain germanique.
En 1018 l’empereur Henri II offre le Royaume franc à l’archevêque de Trèves Poppo de Babenberg. Coblence est ainsi intégré à l’État princier de Trèves, l’un des sept États princiers à l’origine du Saint-Empire romain germanique.
La forteresse d’Ehrenbreitstein est alors érigée. Considérée comme le château le plus sûr du pays, il servira de nombreuses fois pour protéger les choses les plus précieuses de Coblence ou du reste du royaume. on y trouvera par exemple la tête de Saint Mathieu, saint patron du diocèse et la Sainte Tunique, portée par le Christ au Calvaire.
La ville deviendra plus tard le lieu de résidence de tous les opposants à la Révolution française, en particulier des membres de la famille royale française, tels que le comte de Provence, futur Louis XVIII, et le comte d’Artois, futur Charles X. De là, ils organisèrent une contre-révolution en sollicitant l’aide armée des royaumes voisins. Coblence sera néanmoins assiégée par les Français en 1794. La forteresse d’Ehrenbreitstein quant à elle, parvient à tenir jusqu’au 27 janvier 1799 avant de capituler à son tour. Cet événement marque la fin du règne des princes électeurs de Trèves.
En 1801, avec le Traité de Lunéville, Coblence est incorporée à la République française et devient chef-lieu du département de Rhin-Moselle. Mais, étant forcés de quitter la rive droite du Rhin, les Français démolissent d’abord l’ancienne forteresse d’Ehrenbreitstein des princes-électeurs de Trèves. C’est à l’époque de l’appartenance à la France que naît le terme Schängel, qui désigne encore aujourd’hui les personnes nées à Coblence.
En 1815, Coblence retombe sous le régime prussien, et le Roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III donne l’autorisation de « construire une nouvelle fortification pour la ville de Coblence et la forteresse d’Ehrenbreitstein ». Dans les années suivantes, une nouvelle fortification est élevée autour de Coblence. Elle est l’une des plus étendues d’Europe et tient compte des dernières évolutions scientifiques. Sa technique de construction est dite « néo-prussienne » ou « néo-allemande ».
Aujourd’hui, cette forteresse se visite toujours, et il est même possible d’y accéder via un téléphérique.
Le carnaval de Coblence
En Allemagne, le Carnaval est une tradition très importante. Au moins depuis le XIII, des rassemblements de personnes déguisées de toutes sortes se retrouvent au Deutsches Eck, le « coin d’Allemagne » en français, là où confluent le Rhin et la Moselle. Avec l’occupation de la ville par les troupes de Napoléon, le carnaval prend également une nature plus bourgeoise. À la suite de la défaite de Napoléon et de la reprise du territoire par les Prussiens en 1815, le carnaval voit naître en 1823 une nouvelle étape de son histoire, probablement la plus importante, celle sous l’influence de la réforme du carnaval émanant de Cologne. De nos jours le moteur principal des manifestations est une association (Arbeitsgemeinschaft Koblenzer Karneval). La gamme s’étend de manifestations en salle et séances, au défilé du Lundi Gras traversant l’entité du centre-ville, de même que l’élection du prince et de sa « Dame Confluentia », l’occupation de l’hôtel de ville et de la caserne de Falkenstein par les masqués sous la direction du « Conseil des Onze » et des Régents des Journées de Folie ».
N’hésitez donc pas à prendre un billet pour Coblence si vous ne connaissez pas la ville. Elle mérite largement le détour !
Chloé LOURENÇO