Le sommet social de Porto s’ouvre vendredi prochain, il s’agit du point culminant de la présidence portugaise de l’Union européenne. Lors du dernier sommet social, qui s’était tenu à Göteborg en Suède en 2017, une vingtaine de principes ont été adoptés par le Parlement européen, le Conseil des ministres et la Commission Européenne qui concernent les citoyens et les travailleurs. Emploi, formation, pauvreté : comment le sommet de Porto pourrait façonner l’Europe sociale ? Explications
Deuxième sommet social en Europe
Le sommet de Porto est le second sommet social de l’UE puisqu’en 2017, à Göteborg en Suède, les européens avaient adopté le premier socle européen des droits sociaux. Ce socle prévoit vingt principes. La présidence portugaise souhaite que les 27 s’engagent vraiment à mettre en œuvre ce socle de mesures, à la fois sur le plan européen mais aussi dans le cadre de leurs politiques nationales.
Avec l’apparition de la pandémie de Covid-19 sur son sol, l’Europe connaît sa plus grave crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Une crise aux conséquences sociales dévastatrices, bien que les systèmes de protection sociale européens aient permis de l’amortir en partie. Signe de leur efficacité face au choc provoqué par la paralysie de l’économie, le taux de chômage moyen dans l’Union européenne est passé de 6,5 % en février 2020 à 7,4 % un an plus tard. Cette augmentation relativement faible compte tenu de l’importance de la crise sanitaire, s’explique grâce à la mise en place de chômage partiel dans l’ensemble des 27. Toutefois, certaines catégories de la population européenne se trouvent en grande détresse.
Les jeunes font partie de ces catégories qui plongent dans le rouge. Si la crise financière de 2010 avait déjà placé les jeunes dans une situation difficile sur le plan de l’emploi, la crise du Covid a achevé de les placer dans une situation encore plus compliquée. Leur taux de chômage a crû de 2,2 points de février 2020 à février 2021 : alors qu’il touchait déjà 15 % des moins de 25 ans dans les Vingt-Sept, une part qui avait cependant constamment reculé depuis 2013, 17,2 % étaient concernés un an après. Plus généralement, la pandémie a fait basculé environ un million de personnes dans la grande pauvreté, comme le soulignent les associations caritatives.
Un nouveau souffle
Les problématiques sociales, qui figuraient parmi les priorités de la Commission européenne avant l’arrivée du Covid-19, sont donc plus que jamais d’actualité, notamment à travers le plan de relance Next Generation EU de 750 milliards d’euros. Si ces questions relèvent avant tout de la compétence des Etats membres, l’UE n’ayant qu’une compétence d’appui en la matière, l’Europe sociale connaît un nouveau souffle depuis novembre 2017.
L’adoption en 2017 à Göteborg en Suède du socle européen des droits sociaux avait permis de faire adopter par le Parlement, la Commission et le Conseil une vingtaine de principes comme l’égalité sur le marché du travail, les protections sociales, la garantie d’avoir un environnement de travail sain, sûr et adapté. La Commission a fait savoir dès février dernier sa volonté de mettre en oeuvre ces principes et de les renforcer à l’horizon 2030. Reste à encourager les Etats membres à prendre des décisions dans leurs domaines de compétences.
Le Sommet social de Porto donnera un élan politique à l’établissement du socle européen des droits sociaux et à son plan d’action, en soulignant son rôle essentiel pour la reprise européenne et pour l’adaptation aux transitions climatique, numérique et démographique. Ce sera aussi l’occasion de renforcer le dialogue avec les partenaires sociaux et les citoyens.
Chloé LOURENÇO