Depuis plusieurs jours, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie barricadent leurs frontières avec leur voisin biélorusse. En cause ? L’arrivée massive de migrants que la Biélorussie utilise comme représailles.
Des milliers de migrants, principalement originaires d’Irak et d’Afghanistan, ont traversé la frontière de la Biélorussie avec les 3 pays européens. Et ce depuis plusieurs mois. Cela rend la situation assez dangereuse pour la Pologne, qui partage une grande frontière avec la Biélorussie et a donc décidé de barricader sa frontière avec son voisin de l’Est. Les dirigeants polonais ont également décrété l’Etat d’urgence, une première depuis 1989.
L’UE a jugé non-action des dirigeants biélorusses comme étant une forme de représailles suite aux sanctions européens à l’encontre de la politique du Président Loukachenko. Ce dernier tente de faire pression.
Un levier politique en Pologne ?
Certains médias polonais jugent la décision du Gouvernement polonais suspicieux. En effet, le groupe populiste du PiS utiliserait la tension aux frontières pour remonter dans les sondages en faisant craindre l’arrivée de migrants. Les journalistes, organisations internationales et organismes de secours sont interdits sur place. Certains s’étonnent que la Pologne n’ait jamais décrété l’état d’urgence pour le Covid-19 mais le déclare pour des migrants.
La Biélorussie laisse volontairement passer les migrants, tout d’abord pour ne pas les accueillir et ensuite pour se venger de l’UE. Les migrants sont malheureusement exposés au risque de la traite des êtres humains. Bruxelles, et Bagdad notamment, ont appelé les Irakiens « à ne pas tomber dans [ce] piège« . Les vols entre l’Irak et la Biélorussie ont été également réduits.
La Lituanie et la Lettonie sont également touchées mais n’ont pas pris de mesures aussi radicales. Les Gouvernements tentent de maîtriser les flux et ont dépêché des secours et plus de moyens tout au long de leurs frontières. Ils craignent plus la menace russe à leurs frontières.
Il est à noter que l’UE partage une frontière de plus de 1000km avec la Biélorussie dont 500km sont avec la Pologne, davantage exposée aux risques. Les trois pays ont tout de même décidé de renforcer leurs frontières avec plus de barbelés.
La crise en Afghanistan va certainement augmenter le nombre de migrants aux frontières de l’UE. La Biélorussie laissera passer, la Pologne continuera de se barricader et d’utiliser les flux comme levier politique. Bruxelles doit trouver une solution et rapidement, tout en s’occupant de la crise du Covid-19.
Wassila ZOUAG