Pour l’UE aussi, l’heure de la rentrée a sonné ! Confrontés à un été moins calme que prévu en raison des évènements survenus en Afghanistan au mois d’août, les leaders européens s’affairent pour préparer les dossiers qui les occuperont jusqu’en 2022.
Politique étrangère : l’Afghanistan au programme
Au coeur de l’été, la question afghane s’est subitement invitée à l’agenda européen. Le 15 août dernier, les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul, 20 ans après leur défaite contre les Etats-Unis. Cette crise a provoqué émotion et inquiétude dans les rangs des dirigeants européens et dans les institutions européennes. La question des relations futures avec le régime afghan est bien sûre posée, mais c’est surtout le problème de l’exode des population qui interroge. Le but est d’éviter à tout prix les erreurs de la crise humanitaire de 2015. « On a appris dans la douleur, on ne veut pas reproduire les mêmes erreurs » souligne un diplomate pour Europe1.
Pendant 15 jours, Européens et Américains se sont relayés afin d’assurer des ponts aériens. Des milliers de civils ont donc pu être évacués, parce qu’ils faisaient partie d’ambassades, de personnels diplomatiques ou encore parce que leur sécurité et leur intégrité étaient menacées. Mais devant l’afflux massif et incontrôlé des Afghans à l’aéroport de Kaboul, quelques heures encore avant le départ des USA, tous n’ont pas pu partir.
Pour les Européens, la solution idéale serait que les réfugiés restent dans une zone bien délimitée, mais proche de l’Afghanistan. Le modèle serait celui de l’accord passé avec la Turquie en 2016. A ce moment-là, l’Europe n’aurait donc d’autre choix que de payer pour garantir une certaine étanchéité avec les pays voisins. En parallèle, Paris et Berlin militent pour que certains réfugiés « sensibles » et particulièrement en danger, identifiés par les Nations Unies soient rapatriés sur le sol européen. Des divisions au sein de l’UE apparaissent alors : l’Autriche entre autres, a déjà signalé qu’elle ne voulait accueillir personne.
Comment agir face aux Talibans ?
Après une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, Josep Borrel, Haut Représentant annonçait que l’UE traiterait avec le mouvement taliban dans des conditions strictes. Selon lui, pour « aider le peuple afghan, [il faut] traiter avec le nouveau gouvernement en Afghanistan ». Mais toutefois attention : cela ne signifie en aucune manière la reconnaissance de leur mouvement.
Le chef de la diplomatie européenne a également insisté sur le fait que cette « coopération » devrait s’effectuer en s’assurant que l’Afghanistan ne devienne pas une base arrière du terrorisme, comme il a pu l’être il y a 20 ans. A l’heure où le procès des attentats du 13 novembre s’ouvre à Paris, cette question est hautement importante.
Le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères a souligné la nécessité de « former un gouvernement de transition inclusif en Afghanistan, de permettre le libre accès à l’aide humanitaire et de permettre aux ressortissants étrangers et aux Afghans, en danger, de quitter le pays ».
Ce qui est sûr, c’est que l’Europe aura un oeil attentif sur les évènements qui ont lieu en Afghanistan. Ce qui est moins certain, c’est la latitude qu’elle aura dans ces processus.
Chloé LOURENCO