Et si l’imbroglio lié à la rupture de contrat de l’Australie vis-à-vis de la France permettait de relancer la défense européenne ? Pour la première fois, cette claque est en train de prendre une tournure européenne. Sans le vouloir, Sydney, Washington et Londres ont donné un sacré coup de fouet à l’intégration politique du Vieux continent, surtout en matière de défense !
A priori, l’affaire semble ne concerner que l’Hexagone. En 2016, Paris signe un contrat de vente de 12 sous-marins militaires avec Camberra. Le 15 septembre dernier, la France apprend avec stupeur que l’Australie annule finalement le contrat et préfère acheter des submersibles aux USA. Une claque diplomatique qui n’aurait pas dû dépasser nos frontières dans la mesure où le commerce d’arme n’est pas de la compétence de l’UE.
Solidarité européenne
Seulement voilà, l’histoire prend de plus en plus une tournure européenne. « La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE était d’abord prévue pour tirer les leçons du fiasco afghan » explique Le Monde. Changement de programme ! Jean-Yves Le Drian a même évoqué « une crise de confiance » avec les Etats-Unis, qui ont soufflé le marché à la France. Dans cette période, l’UE a apporté son soutien à Paris, précisant qu’elle « ne traverserait pas cette crise toute seule », comme le soulignent Les Echos. Comme le précise Toute l’Europe, »les homologues européens de Jean-Yves Le Drian “ont exprimé clairement leur solidarité à l’égard de la France” : “un soutien clair”, a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell » [Le Point].
La Présidente de la Commission européenne elle-même n’a pas hésité à mouiller la chemise en déclarant sur CNN :«l’un de nos États membres a été traité d’une manière qui n’est pas acceptable […] Nous voulons savoir ce qui s’est passé et pourquoi». Normalement, les autorités européennes évitent de prendre parti pour ou contre un État membre, surtout dans un domaine qui ne relève pas de la compétence de l’Union, car ils sont censés représenter l’intérêt général communautaire.
Relancer la Défense ?
Le problème est que ce genre de grand-messe n’a jamais débouché sur des actions concrètes, expliquait Jean Quatremer. Après l’épisode de la semaine dernière, “la question de “’l’autonomie stratégique’ […] se retrouve tout en haut de l’agenda européen, et ce, à la veille de la présidence française de l’Union du premier semestre 2022″
On sait que la France fait partie de ces pays européens qui souhaiteraient voir naître une défense européenne. La gifle australienne pourrait peut-être faire avancer les choses, puisqu’on a pu assister à un véritable élan de protection de la part des 26 : désormais, la solidarité européenne joue aussi dans les domaines de souveraineté nationale. Autant dire que Joe Biden a donné sans le vouloir un sacré coup de fouet à l’intégration politique du vieux continent.
Chloé LOURENCO