Brexit : encore un rebondissement ?

Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quittait définitivement l’Union européenne, après plus de 4 ans de négociations et de rebondissements en tous genres. Depuis, les Européens pensaient en avoir fini avec le Brexit et commençaient à penser à autres choses. Tout cela était sans compter sur les Britanniques, qui tentent de revenir sur certains accords, notamment sur la pêche. Les tensions montent chaque jour de plus en plus des deux côtés de la Manche.

Fin de la politique commune sur la pêche

Depuis le 1er janvier 2021 et la fin de la période de transition post-Brexit, le Royaume-Uni ne respecte plus les mesures prises dans le cadre de la politique commune sur la pêche. Le pays n’a donc plus à respecter les « TAC », les « Taux acceptables de capture » sur certaines espèces de poissons et qui sont partagés chaque années entre Etats membres, sur recommandations des scientifiques. Ces « TAC » sont en réalité des quotas qui doivent éviter la surpêche.

L’accord signé le 28 décembre 2020 prévoyait de garantir l’accès des navires européens aux eaux britanniques, en échange de quoi ces derniers s’engageaient d’ici 2026 à réduire progressivement de 25 % les captures effectuées. Mais la décision demandait à être précisée et n’indiquait ni les volumes autorisés ni la répartition entre les flottes européenne et britannique, explique Toute l’Europe. Pour le continent, l’enjeu était pourtant de taille, puisque comme l’expliquait Annick Girardin, ministre française de la pêche : “Environ 500 navires français pêchent dans les eaux britanniques”.

Cet accord ne règle cependant pas tous les problèmes auxquels certains pêcheurs peuvent être confrontés. Ainsi, la mise en œuvre du traité commercial conclu fin décembre reste source de tensions. Notamment en ce qui concerne l’attribution des licences de pêches, nécessaires pour pénétrer dans les eaux britanniques et que certains pêcheurs, en particulier français, ne parviennent pas à obtenir.

Après des démonstrations de batailles navales en mai dernier, les problèmes entre Londres et Paris semblaient être résolus. Il n’en est rien dans la mesure où depuis la fin du mois de septembre, les tensions réapparaissent. En conflit sur les licences de pêche post-Brexit, le gouvernement français a annoncé, mercredi, la mise en place d’une série de mesures de rétorsion, dont l’instauration de contrôles douaniers accrus dès le 2 novembre. Le gouvernement britannique les a jugées « décevantes » et « disproportionnées »

Les îles anglo-normandes au cœur du conflit

Géographiquement proches de la France, les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey appartiennent pourtant au Royaume-Uni. Ce dernier s’en sert d’ailleurs régulièrement pour délivrer au compte-gouttes les licences de pêches dans les eaux de Jersey. Effectivement, au printemps, sur 344 demandes déposées, seules 41 avaient été acceptées par Jersey. Inadmissible pour Paris et pour les pêcheurs français, dont l’avenir dépend grandement de ces licences.

Fin septembre, Londres publiait la liste définitive des bateaux autorisés à se rendre dans les eaux britanniques : 200 navires ont le précieux sésame alors que 244 autres doivent rester à quai. Pour Paris, le compte n’y est pas. Le 27 octobre dernier, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français a d’ailleurs fait savoir que si la situation n’était pas réglée d’ici peu, la France diminuerait l’alimentation électrique des îles anglo-normandes. « C’est totalement disproportionné« , s’insurgeait récemment le ministre jersiais des affaires étrangères Ian Gorst sur l’antenne d’un média britannique, « Est-ce juste de couper le courant à l’hôpital de Jersey ou aux écoles de l’île parce que des navires ne sont pas en mesure nous fournir les documents demandés ? »

La France laisse un répit jusqu’au 2 novembre à Jersey. Si la situation s’avérait toujours dans une impasse, la petite possession de la Couronne pourrait bien rallumer les bougies après Halloween !

Chloé LOURENCO

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