Femin’Histoire #55 : Eugénie Cotton

Élève de Marie Curie, scientifique, féministe et communiste, Eugénie Cotton est pourtant méconnue du grand public. Retour sur la vie d’une femme engagée qui s’est notamment battue pour les femmes scientifiques.

Née en 1881 en Charente-Maritime, Eugénie Feytis (de son nom de jeune fille) intègre l’Ecole normale supérieure de jeunes filles (ENSJF) à Sèvres dès 1901. Elle y est l’élève de la grande Marie Curie et rencontre de nombreux scientifiques de grands noms comme Paul Langevin, qui auront tous une grande influence sur sa vie. Trois ans plus tard, elle devient la première lauréate au concours féminin de l’agrégation de sciences physiques et naturelles. Par la suite, elle est enseignante à Poitiers avant de revenir comme professeur à l’ENSJF.

Elle rencontre plus tard Aimé Cotton, un physicien et professeur, et se marie avec lui en 1913. Ils auront quatre enfants. Elle mourra à Paris en 1967.

crédits photo : janinetissot.fdaf.org

Une scientifique avant-gardiste

En 1925, elle devient docteur en sciences physiques puis 10 ans plus tard, directrice de l’école qui l’a formée, l’ENSJF. Avec cette consécration, elle commence à vouloir réformer les études des femmes.

Eugénie Cotton s’est rapidement rendu compte des distinctions faites entre les hommes et les femmes que ce soit au niveau des études (les écoles étaient distinctes) ou bien au niveau professionnel. Certainement touchée par ces inégalités dans le monde scientifique, elle met en place des laboratoires de recherche et nivèle par le haut l’enseignement scientifique des jeunes filles.

Elle est également maître de recherche au CNRS, une autre consécration.

Une communiste et féministe convaincue

Officiellement « Compagnon de route » du Parti communiste français, elle combat farouchement le nazisme et le fascisme dès les arrivées d’Hitler, de Mussolini et de Franco au pouvoir en Allemagne, en Italie et en Espagne.

A cause de son militantisme, le Gouvernement de Vichy contraint en 1941 Eugénie Cotton à quitter son poste de directrice de l’ENSJF en la mettant de force à la retraite. Son mari Aimé est traqué de son côté par la Gestapo. Elle continue la lutte via ses associations féministes.

En 1944, elle co-fonde l’Union des femmes françaises (UFF) et devient l’année suivante présidente de l’organisation internationale affiliée, la Fédération démocratique internationale des femmes. Elle sera également présidente du Conseil mondial pour la Paix jusqu’à sa mort en 1967.

Eugénie Cotton aura passé sa vie au service de la science et au service de la cause féministe. A une époque où le monde changeait, elle était souvent l’une des pionnières dans les différents domaines sans jamais mettre de côté ses convictions personnelles.

Wassila ZOUAG

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