Jeudi 24, février 2022, Vladimir Poutine lance une opération militaire spéciale contre l’Ukraine après des jours de négociations pour éviter ce conflit.
Les origines du conflit
Tout commence dans les années 2000, lorsque l’Ukraine se rapproche de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) créée en 1949 pour freiner l’expansion de l’Union soviétique et garantir la paix.
Plus récemment, les tensions entre la Russie et l’Ukraine éclatent en 2014 lorsque, suite à des conflits internes entre Ukrainiens et séparatistes, la Crimée (majoritairement russophone) est annexée par la Russie. Cette annexion enclenche d’autres combats dans les provinces ukrainiennes de Donetsk et Lougansk – deux régions qui forment le Donbass – qui s’auto-proclament par la suite « Républiques populaires ». Depuis, l’armée ukrainienne mène un combat contre les séparatistes qui a fait plus de 13000 morts. Moscou a, tout au long de ce conflit, été accusé par Kiev et ses alliés occidentaux de fournir des armes et des troupes aux séparatistes pro-russes du Donbass.
Cependant ces affrontements avaient diminués suite aux accords de Minsk (Minsk I en 2014 et Minsk II en 2015). Ces accords prévoyaient, entre autres et en plus du cessez-le-feu, le retrait des armes lourdes, l’amnistie pour les participants au conflit et l’échange des prisonniers/otages. Particulièrement favorables à la Russie, ces accords comprenaient également une réforme constitutionnelle de l’Ukraine, ainsi que l’organisation d’élections dans les territoires tenus par les séparatistes. Ils posaient également comme principe le maintien des territoires autoproclamés autonomes de Lougansk et de Donetsk dans le giron de l’Ukraine.
Un nouveau tournant
La situation prend un nouveau tournant en avril 2021 lorsque la Russie masse des troupes à la frontière avec l’Ukraine (pour ensuite assurer les avoir retirées). En octobre 2021, nouveau rebondissement lorsque des vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant des mouvements de troupes, de chars et d’autres armes lourdes russes en direction de la frontière ukrainienne. L’OTAN décide alors, début février, de mettre en place des forces en attente en Europe de l’Est. Les Etats-Unis placent également des militaires en état d’alerte. Le Kremlin réagit en dénonçant une « hystérie » globale, mais le 21 février au soir, après avoir refusé un sommet avec Joe Biden, Vladimir Poutine reconnaît l’indépendance des territoires séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine et trois jours plus tard l’opération militaire est lancée.
Que craint la Russie?
La plus grosse crainte de la Russie est de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN, qu’elle perçoit comme une menace. En effet, Vladimir Poutine a souvent accusé l’Occident d’attiser les tensions avec des exercices militaires en mer Noire et la livraison d’armes modernes à Kiev. La présence de l’OTAN aux frontières était un vrai cauchemar pour Poutine qui avait même entamé début décembre des négociations avec l’Occident pour obtenir des «garanties juridiques» contre l’extension de l’OTAN à l’Est.
La soif de pouvoir de Poutine n’est pas négligeable. Il veut reformer les satellites qu’étaient les pays de l’Est européen pendant l’URSS. En 24 heures, les Russes ont justifié leur attaque pour « pacifier et démilitariser » la zone du Donbass puis ont procédé à l’attaque de Tchernobyl et Kiev – qui *spoiler alert* ne sont pas dans le Donbass. Ses motivations et ses objectifs ne bernent personne. Poutine rêve de reprendre le contrôle sur l’Europe de l’Est, et ce, par tous les moyens.
Une troisième guerre mondiale à l’horizon?
Les réactions indignées de nombreux pays ne se sont pas fait attendre. Cependant, le fait que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’OTAN ni de l’UE n’a pas eu de conséquences fortes directes des pays Occidentaux contre la Russie. Pour l’heure, seules des sanctions économiques ont été prises par l’UE et les Etats-Unis. Ces mesures se durcissent au fur et à mesure du temps.
Pourquoi les Occidentaux n’interviennent pas ? Cela serait perçu comme de l’ingérence puisque l’Ukraine ne fait partie ni de l’UE ni de l’OTAN. Bien que le pays demande de l’aide, cela entraînerait une entrée en guerre (pas si froide que cela) entre Etats-Unis/Europe contre la Russie. L’Occident essaie d’éviter cela. Malheureusement, cela se fait au détriment de la vie et de la sécurité de citoyens ukrainiens innocents. D’autre part, la Russie est le fournisseur d’énergie de beaucoup de pays, notamment européens. Ces derniers veulent trouver une alternative avant de vraiment se retourner contre le géant gazier.
Cependant de nombreux soldats européens et américains ont été déployés dans les pays limitrophes. Hier, dimanche 27 février, Vladimir Poutine a annoncé « la mise en alerte de la force de dissuasion ». Cela signifie que des armes nucléaires sont prêtes à être tirées en direction de l’Europe et des USA. La guerre en Ukraine a pris hier soir un nouveau tournant et « Il faudra que les Occidentaux fassent un certain nombre de compromis » pour en sortir, estime le général Vincent Desportes. En Europe, tout le monde a les yeux rivés sur les décisions à prendre.
A l’heure où nous écrivons, l’Ukraine et la Russie sont d’accord pour entamer des pourparlers.
Natacha DA ROCHA