Dans le contexte de la menace russe et de la guerre, l’Ukraine et la Moldavie ont été reconnues candidates à l’adhésion à l’Union européenne, la semaine dernière (23 et 24 juin) lors du dernier Conseil européen sous Présidence française. Où en est-on de toutes les candidatures ?
Un processus parfois très long
Les pays candidats à l’UE doivent répondre à des critères très précis, que ce soit au niveau économique ou au niveau démocratique. Ces pays doivent pouvoir appliquer la réglementation de l’UE.
Avant 2022, on comptait cinq pays candidats :
- Turquie : candidature en 1987, reconnue en 1999
- Macédoine du Nord : candidature en 2004, reconnue en 2005
- Monténégro : candidature en 2008, reconnue en 2010
- Serbie : candidature en 2009, reconnue en 2012
- Albanie : candidature en 2009, reconnue en 2014

Toutes ces dates montrent qu’une adhésion à l’UE n’arrive pas en très peu de temps. Bien au contraire, elle peut prendre des dizaines d’années. Aujourd’hui, nous comptons donc 7 États candidats officiels avec l’ajout de la Moldavie et l’Ukraine. Ce dépôt de candidature ne signifie absolument pas une adhésion à l’UE obligatoire et rapide. Il faut répondre à des critères économiques, sociaux et démocratiques, que tous ces pays n’ont pas encore acquis.
Différences de traitement ?
Un autre pays a déposé sa candidature il y a quelques années, en 2016 : la Bosnie-Herzégovine. Et sa candidature n’a toujours pas été officialisée. Favoritisme, dîtes-vous ? Très clairement, oui. L’Ukraine et la Moldavie, qui n’avaient jamais déposé de candidature, ont été reconnus en à peine 4 mois. La Géorgie a également posé une demande d’adhésion le même jour que la Moldavie mais n’a pas été reconnue comme candidate officielle.
Pourquoi une telle différence de traitement ? La réponse est simple : la guerre diplomatique et les intérêts des puissances européennes. En effet, la guerre en Ukraine et l’impuissance de l’Europe face à la Russie doivent être compensées par des petites annonces. La reconnaissance des candidatures ukrainienne et moldave a été annoncée comme un exploit, une avancée dans la guerre Ukraine-Russie alors que cela ne changera rien pour les mois à venir. Un élargissement vers l’Est ne surviendra pas dans les prochains mois, ni même dans les prochaines années.
S’il n’y avait pas eu d’invasion en Ukraine, l’UE n’aurait même pas considéré leur candidature. Les pays déjà candidats répondent à peine aux critères économiques. Les plus proches de l’adhésion sont aujourd’hui l’Albanie et la Macédoine du Nord et le chemin est encore long. Tous ces pays se trouvent donc pénalisés, en particulier la Bosnie-Herzégovine, et ont peur que l’Ukraine prenne toute la place et qu’on les oublie.
L’UE essaie de faire bonne figure sur son élargissement. Elle fait croire qu’elle avance alors qu’elle stagne. Les discussions sur les sujet sont souvent à l’ordre du jour des réunions mais les choses avancent finalement peu. Il faut dire aussi que l’UE a déjà du mal à bien fonctionner à 27… Que serait-ce avec plus d’États ?
Wassila ZOUAG