[Carnet de voyage] Nîmes

Avez-vous déjà visité Nîmes, la Rome française ? La ville s’est construite de façon remarquable autour de ses monuments romains. Cette architecture antique, déclinée au fil des siècles a donné à la ville son identité, sa personnalité et sa singularité. Allons déambuler dans le dédale historique des rues de la capitale gardoise…

Un peu d’histoire

On associe souvent Nîmes aux légions romaines et au monde romain. Et pourtant, la première mention de la ville apparaît au 6ème siècle avant JC. Une tribu celte, les Arécomiques, s’installe près d’une source généreuse. Il faudra attendre 120 avant JC pour que la ville, baptisée Nemausa, devienne vraiment gallo-romaine. En face des célèbres Arènes, le musée de la Romanité présente toute l’histoire antique de la ville. C’est un excellent point de départ pour comprendre l’émergence de Nîmes.

La romanisation de la cité commence au milieu du premier siècle avant notre ère. La ville devient une « colonie de droit latin » et se couvre de somptueux monuments, tels que la Maison Carrée, qui fut un temple, ou les Arènes, encore parfaitement conservées. Grâce à l’empereur Auguste et ses successeurs, la bourgade gallo-romaine s’agrandit : son enceinte, longue de 7kms, englobe 220 hectares. Elle devient, pour l’Empire romain, une véritable vitrine en Gaule, lui permettant d’assurer sa promotion dans un pays dont la romanisation ne se fait pas sans difficulté (et on ne parle même pas d’un petit village armoricain qui résiste encore et toujours à l’envahisseur…)

Idéalement située sur la via Domitia qui relie Rome à l’Espagne, Nîmes bénéficie de tous les avantages et connaît une forte croissance démographique. On estime sa population à 25 000 habitants. Toutefois, cette prospérité s’écroule dès le 3ème siècle, avec l’arrivée des Wisigoths.

Au Moyen-âge, la ville connaît un déclin très important. L’insécurité qui règne à cette époque contraint les habitants à transformer les arènes en forteresse, et à s’y réfugier en cas de danger. Les remparts romains deviennent des carrières où chacun vient se servir. Nîmes sort de sa léthargie à partir de l’An Mil, avec le retour du commerce. Elle accueillera de nombreuses familles protestantes au XVème siècle, qui éloignées de la vie publique, se tournent vers le textile. Une aubaine pour cette Nîmes devenue huguenote qui s’enrichit. On voit apparaître à ce moment-là de superbes hôtels particuliers et on redécouvre aussi l’héritage romain. Sous Louis XV, quelques siècles plus tard, les Jardins de la Fontaine sont réaménagés. Nîmes renaît.

L’ère industrielle du XIXème siècle place la ville à un rang européen. Même si la concurrence avec Lyon est rude, Nîmes tire son épingle du jeu. C’est à cette période que se dessine la ville que l’on connaît aujourd’hui. La culture de la vigne est facilitée par la construction du canal du Midi, le transport du vin par celle du chemin de fer. D’autres hôtels particuliers majestueux poussent encore, transformant considérablement le quartier de la gare. Si vous passez par le centre ville, vous trouverez de nombreux vestiges de cette époque glorieuse.

Aujourd’hui, Nîmes compte 150 000 habitants et ne cesse de se remodeler de nouveau.

La petite histoire de la toile Denim

Au XVIIème siècle, Nîmes est réputée pour ses manufactures de textile. Les marchands font alors principalement commerce de draperie et de soie, mais peu à peu la fabrication se diversifie. On importe du coton, puis de l’indigo, une plante cultivée à Gènes, en Italie, qui donne une jolie couleur bleue. Le tissage en oblique, inventé à Nîmes, donne une étoffe résistante. Tous les ingrédients sont là !

A cette époque, des comptoirs commerciaux fleurissent aux quatre coins du monde. Les marchands nîmois négocient entre autres, avec les maisons de commerce de New-York pour exporter son précieux tissu.

L’indigo, appelé également « bleu de Gènes », s’anglicise et sera traduit phonétiquement « Blue Jeans ».

Au XIXème siècle, Levi Strauss, entrepreneur qui fabrique des vêtements pour les mineurs et les chercheurs d’or, achète par hasard un lot de toile de Nîmes (entendez « Denim »). Ainsi, les pantalons les plus célèbres au monde sont nés !

Le Pont du Gard : une merveille de l’Antiquité

Les restes antiques de Nîmes ne reposent pas tous au cœur de la ville. Effectivement, à quelques encablures de là, se trouve le Pont du Gard, un site naturel exceptionnel et magnifique. Il s’agit en réalité de la partie la plus majestueuse d’un aqueduc construit par les romains, il y a environ 2000 ans. Ce chef-d’oeuvre à l’architecture impressionnante, classé depuis 1985 au Patrimoine mondial de l’UNESCO comme témoin du génie humain, a permis aux habitants de Nîmes d’avoir l’eau courante pendant 5 siècles ! Posé dans un écrin naturel époustouflant, ce colosse de pierres est le plus haut pont antique du monde.

Il n’y a qu’une seule chose à dire : foncez-y !

Chloé Lourenço

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