1987-2017 : 30 ans après le procès Barbie

La Cour d’Assises du Rhône est en ébullition ce 11 mai 1987. Le procès de Klaus Barbie, nazi et chef de la Gestapo à Lyon quelque 40 années auparavant s’ouvre devant les familles des victimes. C’est le premier procès pour crime contre l’Humanité qui a lieu en France. Mais 30 ans après, qui s’en souvient encore? Qui connaît Klaus Barbie?

 

 

Une longue instruction

Si un procès contre le boucher de Lyon a bien eu lieu au printemps 1987, c’est grâce à la persévérance et à au courage de Beate et Serge Klarsfeld. Le célèbre couple d’avocats avait juré de traquer les anciens dignitaires nazis Partout où ils seront. Klaus Barbie est finalement arrêté puis extradé de Bolivie -où il se cachait- en France, le 5 février 1983, et ironie de l’histoire, est même emprisonné une semaine à la prison Montluc.

La longue instruction qui mènera au procès débute alors en 1983, et retient exclusivement le chef d’accusation de « crime contre l’Humanité », Barbie ayant déjà été jugé et condamné par contumace en 1952 pour crimes de guerre. Il sera jugé pour « actes d’arrestation, de torture et de déportation de Juifs ou de résistant », puis pour les rafles de UGIF (1943), et des enfants d’Izieu (1944) et pour le dernier convoi de Juifs vers Auschwitz (1944). Sabine Zlatin, qui avait accueilli et cachés avec son mari, Miron des enfants juifs, la plupart orphelins, dans la colonie d’Izieu s’est battue toute sa vie durant pour que Klaus Barbie paye pour ses crimes. Elle avait été jusqu’à éplucher les archives nationales à la recherche d’un telex demandé par l’ancien nazi qui indiquait l’heure et le lieu de la rafle des 44 enfants.

 

L’ouverture du procès

Lorsque le procès s’ouvre, le matin du 11 mai 1987, tout le monde sait déjà que ce ne sera pas un procès comme les autres. Pendant les deux premiers jours, l’acte d’accusation est lu. Le 13 mai, Barbie fait savoir qu’il refuse d’assister à la suite du procès, remettant en cause la légitimité de la Cour. Scandale.

Le procès Barbie est suivi par plus de 900 journalistes français et internationaux, et est largement relayé dans la presse et à la radio. Pour les familles des victimes qui se sont porté parties civiles, pour les survivants de l’horreur, pour les témoins qui viennent raconter ce qu’ils savent, c’est le moment de faire revivre ceux qui ne sont plus, ceux qui ont disparu dans la nuit et le brouillard.

Depuis juillet 1985, la loi sur les archives de la Justice autorise les tribunaux à filmer certains procès. Celui de Klaus Barbie sera donc intégralement filmé, mais jamais diffusé. Il s’agit-là de l’Histoire, et de la mémoire, pas de 7ème art.

La 4 juillet 1987, le verdict tombe : Barbie est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il meurt en prison à 78 ans en 1991.

 

Devoir de mémoire

Mais pourquoi parler de tout cela si longtemps après la fin de ce procès? Si longtemps après la fin de la guerre? Sans doute parce que trop de personnes ignorent qui a été Barbie, ce qu’il a fait et qu’il a été jugé en France. On parle beaucoup de Nuremberg, mais il y a eu d’autres procès, aussi. Et puis sans doute aussi parce que la mort de Simone Veil a réanimé en ce début d’été, le besoin de se pencher sur cette partie de notre histoire

Ce devoir de mémoire s’exerce particulièrement en France entre le mois d’avril et le mois de juillet, avec un point culminant entre le 8 mai et le 18 juin. Il est important de souvenir de notre passé, car c’est en relisant chaque page, en comprenant chaque erreur que l’on peut espérer aller de l’avant et avoir un meilleur avenir.

 

Chloé LOURENÇO

 

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